3003- Le barrage républicain a aussi ses revers 4 posts
Le barrage républicain a aussi ses revers
En attendant les feux d’artifice du 14 juillet,nles cris de joie et de soulagement du deuxième tour se sont éteints
Le 7 juillet, le barrage républicain a fonctionné. Il a empêché le
Rassemblement national d’accéder au pouvoir et l’a même
rétrogradé à la troisième place de l’hémicycle, derrière le
Nouveau Front populaire et le bloc macroniste. Le résultat a
réjoui des millions de Français, effarés à l’idée de voir Jordan Bardella
emménager à Matignon. Mais, en attendant les feux d’artifice du
14 juillet, les cris de joie et de soulagement du deuxième tour se sont
éteints et la situation politique actuelle n’incite guère à l’allégresse avec
l’abracadabrantesque ribambelle de « premiers ministrables » à
gauche.
Aucun des trois principaux cartels en concurrence à l’Assemblée nationale
n’atteint une majorité suffisante pour appliquer son programme,
rien que son programme, tout son programme, comme l’a claironné
Jean-Luc Mélenchon. Or les affaires courantes, ça ne peut
pas durer une éternité.
Les faits et les chiffres sont têtus. S’il est battu dans les urnes
par le système du vote uninominal à deux tours,
le RN double presque son nombre de députés.
Avec plus de huit millions de voix, il est le premier parti de
France. Il est le seul dont l’ensemble
des électeurs ont approuvé le projet, aussi foutraque et versatile
soit-il, au point que ses architectes, une fois les urnes rangées,
ont admis qu’il était bancal.
Le cordon sanitaire a évité au pays de se teindre en bleu marine, il n’a
pas clarifié le paysage politique. Une partie de la digue anti-RN provient
du refus d’un candidat et non d’une adhésion. Deux exemples parmi
d’autres. Dans la Somme, François Ruffin, vainqueur en frôlant les 53 %,
réunissait presque vingt points de moins au premier tour. Ses électeurs
du 7 juillet recrutés chez la candidate macroniste n’ont sans doute pas
voté pour un smic à 1600 euros ou l’abolition de la réforme des retraites.
Idem pour Élisabeth Borne, dans le Calvados, qui sauve son siège avec
56,36 % des voix et seulement 28,93 % le 30 juin. Peut-on croire que les
partisans de l’Insoumis Noé Gauchard partagent le réformisme libéral
de l’ex-Première ministre et donc d’Emmanuel Macron ?
Se souvient-on que la gauche rappelait, à juste titre, au président réélu
en 2022 qu’il avait été choisi contre Marine Le Pen et pas pour la retraite
à 64 ans ? Le NFP a suffisamment de députés pour revendiquer Matignon,
pas assez pour concrétiser ses propositions. Entre partis républicains,
il va falloir enjamber le barrage. Avant qu’il y ait des fuites.
Benoît Lasserre édito Sud-Ouest