En ces temps troublés, les points d’accord sont suffisamment rares pour être soulignés. Hier, socialistes et macronistes tenaient à peu près le même langage : il est urgent de prendre son temps. "Ce qu’il faut, c’est un gouvernement technique pour gérer les JO. Après on verra. Pourquoi vouloir aller vite ? Il faut prendre le temps." Voilà en substance le message adressé par le secrétaire national du PS Sébastien Vincini hier lors du bureau qui a réuni les socialistes durant plus de 3 heures.

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Depuis le matin, la gauche tout entière n’avait qu’une seule question en tête : qui sera le remplaçant de Gabriel Attal ? Le Nouveau Front Populaire, arrivé en tête des législatives dimanche soir, a promis de proposer un nom avant la fin de la semaine.

Une figure apaisante

Pour les Insoumis, ça ne fait aucun doute, Jean-Luc Mélenchon est le bon candidat car il est "celui qui a réappris à la gauche à gagner, celui qui a redonné de l’espoir à des millions de personnes", assure Mathilde Panot. Afin de montrer qu’il est au centre du jeu, l’ex-candidat à la présidentielle s’est laissé filmer hier au siège de son parti aux côtés des députés Manuel Bompard et Clémence Guetté. Mais pour le reste de la coalition, il est hors de question de se ranger derrière le leader Insoumis. Marine Tondelier l’a tweeté hier matin : notre candidat doit être "une figure qui doit apaiser et réparer le pays, faire consensus" et avoir "des compétences et de l’expérience". Cette personne doit "être capable de rassembler et d’apaiser le pays", complète Sébastien Vincini. Le NFP aura donc encore besoin de longues heures de réunion pour parvenir à un accord.

Donner du temps au temps

Mais si les amis d’Olivier Faure veulent donner du temps au temps, c’est aussi parce qu’ils espèrent voir leur groupe grossir la semaine prochaine et passer devant celui des Insoumis. "À l’heure qu’il est, nous comptons 69 députés, mais nous allons voir si nous ne pouvons pas être plus nombreux d’ici le 18 juillet, notamment en accueillant des élus d’outre-mer ou des divers gauche", nous confiait hier Sébastien Vincini. Clémentine Autain estimait pour sa part qu’il n’était « pas absolument certain » que LFI soit le groupe parlementaire le plus important. « Les choses ne sont pas figées. Moi je souhaite appartenir à un nouveau groupe politique », a-t-elle assuré. Jeudi 18 juillet, les députés feront en effet leur rentrée officielle à l’Assemblée nationale et devront s’inscrire dans le groupe politique de leur choix. Ils éliront aussi leur président et leur président de groupe. Ce jour-là, chacun connaîtra son poids respectif au sein du Nouveau Front Populaire. D’où l’importance de donner du temps au temps.

Les macronistes en mouvement

La gauche n’est pas la seule à avoir passé la journée en tractations. Du côté de la majorité, les réunions se sont aussi succédé. Hier matin, le Président de la République recevait à l’Élysée les chefs de la majorité. Il est lui aussi convaincu de la nécessité de ne pas aller trop vite. Il faut « attendre la structuration de la nouvelle Assemblée nationale pour prendre les décisions nécessaires », assurait son entourage qui estimait hier que les discussions pourraient durer « au moins un mois ». Au même moment, à quelques mètres de là, Gérald Darmanin déjeunait avec une trentaine de députés Renaissance. Celui qui est toujours ministre de l’Intérieur souhaite dès son retour à l’Assemblée incarner l’aile droite de la macronie. Un rapprochement avec Édouard Philippe pourrait s’opérer afin qu’il prenne la tête du groupe Horizons. À gauche comme à droite, le 18 juillet figera un nouveau paysage politique aujourd’hui encore mouvant.