« Les quelques députés de droite qui vont se sortir de cet enfer seront des survivants à qui l'on ne pourra pas trop donner de leçons », nous avait confié Aurélien Pradié à quelques jours du premier tour. Le député du Lot est l'un de ceux-là. Alors que la droite est en miettes sur le plan national, Pradié se sort du premier tour avec une confortable avance (42 %), face à Elsa Bougeard de LFI (24 %) et Slava Mihaylova du RN (23 %).
Certes, son score s'effrite quelque peu par rapport à 2022 (45 %), face à la même candidate LFI. Mais, en 2022, il n'y avait pas de candidat macroniste – il avait renoncé – et, logiquement, celui-ci, Frédéric Decremps, le maire de Saint-Cirq-Lapopie, devrait apporter ses 9 % de voix au chef de file de la droite. Et si la candidate RN est portée par la vague nationale, elle n'est pas implantée sur place, c'est le moins que l'on puisse dire, puisqu'elle vit et vote en Aveyron.
« J'avais tous les candidats en face de moi et, sans transiger, en prenant de vrais risques, j'arrive à rassembler 42 % des électeurs, et réalise l'un des meilleurs scores d'un député sortant de la droite républicaine, sur un territoire difficile, se félicite Aurélien Pradié, interrogé par Le Point. J'ai reçu beaucoup de leçons durant cette campagne, j'étais attendu au tournant, mais les résultats sont là. Cela conforte ma légitimité politique. »
Rôle clé
En 2022, le jeune loup de la droite l'avait emporté haut la main au second tour, avec 65 % des voix. Il devrait aussi réaliser un joli score dimanche prochain. Ce qui lui permettra d'assurer sa position sur cette terre autrefois radical-socialiste, dominée par Maurice Faure et Martin Malvy, et qui ne dispose plus de « locomotive » politique à rayonnement national. Le Lotois étoffera aussi son rayonnement régional, étendant son influence à la Corrèze voisine, où il soutient le candidat LR Francis Dubois face à François Hollande, et où il s'entend bien avec l'homme fort de la droite locale, chiraquien, bien implanté, Pascal Coste, président du département.
À partir de ce fief étendu, ancré dans le terroir français, toutes les ambitions sont possibles. Le presque quadragénaire, qui ne s'est lancé en politique que depuis 2008 – à 21 ans, comme maire de Labastide-Murat – et n'est parlementaire que depuis 2017, franchit une étape de plus. « C'est très rassurant pour la suite », dit-il.
À Paris, Aurélien Pradié se retrouve inévitablement en pole position. Pour faire partie de ceux qui pourraient jouer un rôle clé en cas de cohabitation. Pour être l'un des reconstructeurs et leaders de la droite future. Celui qui a quitté LR – mais pas les électeurs – est renforcé dans son objectif de constituer une force politique. « La question du groupe à l'Assemblée va se poser, expliquait-il avant le premier tour. Dans la configuration actuelle, une vingtaine de collègues peuvent suivre. Et on peut en récupérer d'autres, venus des rangs macronistes. » Viendra ensuite le temps d'un mouvement politique. Avec les municipales de 2026 en ligne de mire.