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Politique extérieure, un domaine à préserver

 

«Je ne remettrai pas en question les engagements internationaux
de la France. » Jordan Bardella avait tenté de rassurer
sur l’impact de son éventuelle arrivée à Matignon sur la
politique étrangère, militaire et européenne de la France.
Marine Le Pen s’est chargée de corriger son jeune lieutenant en promettant
à Emmanuel Macron qu’un RN triomphant n’hésiterait pas à
engager un bras de fer avec le « chef des armées ».


La déclaration annonce une rupture avec les cohabitations gauche droite
de 1993 et de 1998 : à l’époque, la diplomatie, la défense et l’Europe
étaient restés des terrains de consensus, les dirigeants d’alors
veillant à ne pas étaler les discordes domestiques sur la scène internationale
pour ne pas nuire à la cohérence des positions françaises. Visiblement,
l’extrême droite n’en a cure et si, après le 7 juillet, la cacophonie
débordait de nos frontières, cela n’augurerait rien de bon
pour la crédibilité déjà entamée  de la France. Sur des sujets aussi
cruciaux que l’aide à l’Ukraine et la construction européenne, le
RN veut s’attaquer au « domaine réservé » du président, convaincu
que cette tradition gaullienne n’a pas de réalité juridique dans
la Constitution. Le cas est débattu mais une chose est sûre : Marine
Le Pen ne veut pas attendre une hypothétique conquête de l’Élysée en
2027 pour porter le fer, persuadée qu’elle saura forcer le président « à
se soumettre ou se démettre », selon le mot de Léon Gambetta adressé
en 1877 au maréchal Mac Mahon dont le « j’y suis, j’y reste » s’était soldé
par un départ. Le risque de voir la politique étrangère de la France
prise en otage est d’autant plus préoccupant dans le contexte de la
guerre en Ukraine, des menaces russes et d’un possible retour de Donald
Trump au pouvoir. Depuis la dissolution, les alliés européens de la
France regardent cette dernière avec anxiété, à l’exception notable du
Hongrois Orban qui s’apprête à occuper la présidence tournante de
l’UE et voit dans une victoire possible du RN « un rayon de soleil » pour
l’Europe. Or c’est plutôt un sombre nuage qui menace les relations
franco-allemandes, le poids de Paris au sein des institutions de l’UE ou
le soutien européen à Kiev dans la durée. Bien sûr, les engagements
extérieurs de la France dépendent du choix des électeurs. Mais il serait
malsain qu’ils soient remis en question en raison d’un conflit de légitimité
entre Matignon et l’Élysée alors que le président n’est qu’à mi mandat.
Les enjeux sont trop grands pour jouer avec le feu.

 

           Christophe Lucet édito Sud-Ouest



28/06/2024
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