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Nouveau Front populaire, nouvelle pétaudière
Le Rassemblement national n’a jamais été aussi proche d’accéder
au pouvoir. C’est la perspective que dessinent les sondages.
C’est aussi ce que le Nouveau Front populaire, cette
alliance entre les Insoumis, les socialistes, les Écologistes, les
communistes et le NPA, ne cesse de répéter. Or, que fait celui qui se
présente comme la seule alternative crédible, y compris à la majorité
présidentielle ? Il se déchire. Et se dispute déjà une victoire qu’il n’a pas
– encore – obtenue. Du grand art. Pour mémoire, il reste une semaine
de campagne avant le premier tour. Et la gauche réunie ne caracole
pas en tête des intentions de vote.
Sans surprise, Jean-Luc Mélenchon est encore au centre de ces remous.
Samedi, il a été clair : « J’ai l’intention de diriger ce pays. » Pour
les plus chatouilleux, il a pris soin d’enrober son ambition dévorante
d’un brin de pommade : « Je ne m’élimine pas et je ne m’impose
pas. Je pense que c’est une formule qui est assez respectueuse
du collectif. »
Très curieusement, François Hollande ne l’a pas entendu
ainsi et, depuis la Corrèze, lui a
demandé de « se taire », quand le communiste Fabien Roussel a, lui,
grondé qu’il n’y avait « aucun accord » en ce sens. Ambiance. Alors que
Raphaël Glucksmann a passé sa campagne des européennes à dénoncer
les méthodes et la ligne politique de Jean-Luc Mélenchon, alors que
Fabien Roussel a, lui aussi, condamné à de multiples reprises la méthode
Mélenchon, tout comme les Écologistes, il est urgent que ce
Nouveau Front populaire clarifie sa situation.
Chaque jour, une nouvelle personnalité se déclare en capacité de rejoindre
Matignon : quand ce n’est pas Jean-Luc Mélenchon, c’est François
Ruffin, quand ce n’est pas Ruffin, c’est Clémentine Autain, et quand
ce n’est pas Autain, c’est Boris Vallaud, le député des Landes…
Aux électeurs de gauche, ce Nouveau Front populaire ne doit pas que
des promesses. Il doit aussi trouver son dénominateur commun, celui
ou celle qui pourra incarner cette union au gré de leurs – nombreuses
– divergences et dans la durée. Or, les tentatives répétées de
Jean-Luc Mélenchon de forcer la décision prouvent qu’il n’y a, en réalité,
aucune entente. Et fragilisent l’édifice. Le leader des Insoumis
pousse les feux pour s’affirmer comme le seul chef. De la même manière
que « la République, c’est lui », le Nouveau Front populaire, c’est
lui. Alors que les macronistes, eux, se déchirent, à gauche, au bal des
ego, il y a déjà du monde sur la piste. La gravité du moment mérite
pourtant mieux que des soirées « pop-corn ».
Jefferson Desport éditorial Sud-Ouest