Le Nouveau Front populaire propose dans son programme d’"augmenter les salaires par le passage du Smic à 1 600 € net".


 Dominique Seux, directeur délégué de la rédaction des Echos et éditorialiste économique de la matinale de France Inter

 

 

Dominique Seux : "Les PME arrêteront d’embaucher. Ce sera défavorable à l’emploi"

Augmenter le Smic à 1 600 € est-il un coup de pouce pour le pouvoir d’achat ou est-ce irréaliste ?

Cela dépend des conditions dans lesquelles sera appliquée cette hausse mais l’idée même est une faute économique. Ceux qui portent cette proposition se trompent quand ils pensent que la France fait face à un problème de consommation et de demande. Au contraire, la France fait face à un problème d’offre et de compétitivité de ses entreprises. Renchérir le coût du travail est un mauvais signal envoyé au monde de l’entreprise qui grâce à la politique de l’offre a créé des emplois et a amorcé la réindustrialisation.

 

Les entreprises seront-elles capables d’absorber cette hausse des salaires ?

 

Les grandes entreprises ne rencontreront pas de difficulté avec cette mesure car elles comptent peu de salariés au Smic. En revanche, 200 € d’augmentation pour les PME c’est réellement une difficulté d’autant que tous les syndicats patronaux rappellent les très faibles marges. Si cette hausse est immédiate et réalisée en une seule fois alors clairement les PME arrêteront d’embaucher. La mesure deviendra alors défavorable à l’emploi. Quant aux aides évoquées en faveur des PME pour compenser ce surcoût, au sein même de la grande coalition de gauche, les différents partis ne sont pas d’accord entre eux. Le PS y est plutôt favorable, la France insoumise plutôt opposée. Tout le monde aimerait augmenter le Smic mais il a déjà beaucoup augmenté parfois plus vite que l’inflation.

 

Cette mesure favorise-t-elle une smicardisation de la France ?

 

Nous constatons que le Smic gagne de plus en plus de terrain. En quelques années, la population active au Smic est passée de 13 % à 18 % aujourd’hui. Cette hausse du Smic va se propager aux bas salaires qui vont se faire rattraper par le salaire minimum. Il est préférable de laisser la main à la négociation sociale en entreprise. Cette voie a permis aux salaires d’augmenter de 5 % en 2023.

 

L’indexation des salaires n’est pratiquée que dans très peu de pays. Cette solution ne va-t-elle pas favoriser la hausse des prix ?

 

Seuls trois pays au monde ont choisi l’indexation : cela reste l’exception. Cette mesure est un pari risqué car augmenter les salaires en période d’inflation viendra nourrir la hausse des prix. Les règles générales appliquées aveuglément à tout le monde fonctionnent assez mal. Nous l’avons déjà vu avec les 35 heures

 

Extraits La DDM