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REVUE DE PRESSE-Législatives :vers un sursaut démocratique ?
«J’espère qu’on sera encore fiers de porter ce maillot le
7 (juillet). » Hier, depuis l’Allemagne, où il s’apprête à disputer
l’Euro, Kylian Mbappé, le capitaine des Bleus, a appelé
« la jeune génération » à aller voter aux législatives .
Preuve là encore de la déflagration qu’a provoquée
Emmanuel Macron en choisissant de dissoudre l’Assemblée
nationale. En effet, peu enclins à « mouiller le maillot » sur les sujets
politiques, les sportifs commencent à se positionner devant le risque
de voir Jordan Bardella, le président du RN, s’installer à Matignon. En
se prononçant « contre les extrêmes », le futur joueur du Real Madrid a
rejoint son coéquipier Marcus Thuram, qui, samedi, a appelé à « se
battre pour que le RN ne passe pas ».
Ces prises de paroles font écho aux manifestations de ces derniers
jours contre cette menace d’un RN en capacité de prendre le pouvoir.
Est-ce le début du « sursaut démocratique » voulu par Emmanuel
Macron ? À voir, mais alors que le casse-tête des investitures s’est
achevé hier soir, ces appels à aller voter semblent résonner. Quarante-
huit heures après l’annonce surprise de la dissolution de l’Assemblée
nationale, le ministère de l’Intérieur enregistrait déjà plus de
67 000 procurations. C’est un signe.
Lors des dernières législatives, à
trois semaines du premier tour, leur nombre n’était que de 27 000.
Si cette tendance à la hausse demande à être confirmée, elle vient
surtout nous rappeler que l’un des défis majeurs de notre démocratie
reste l’abstention. Elle est l’un des visages de la défiance. Et profite aux
extrêmes qui, de tous bords, font commerce des désillusions et du
ressentiment ; ajoutant, ici, du sel sur les plaies, là, de l’huile sur le feu.
La colère est un puissant ressort du vote. Et chacun a pu le mesurer au
soir des élections européennes avec l’écrasante victoire du RN (31,4 %).
Fort d’un tel score, l’enjeu pour ses adversaires est là : ramener vers les
urnes toutes celles et ceux qui n’y croient plus. En un mot : convaincre.
C’est désormais leur responsabilité. En 2022, dans la foulée de la présidentielle,
l’abstention était sortie vainqueur du premier tour des législatives,
signant, avec 52,49 %, un nouveau record historique après celui
de 2017 (51,29 %). Dès lors, si deux ans plus tard, l’abstention ne devait
plus être le premier parti de France, une telle issue serait une victoire.
Elle éviterait ainsi le poison des procès en illégitimité. Mais avec cette
nuance : qu’une participation retrouvée consacre l’extrême droite et ce
sursaut démocratique ne sera plus qu’une claque doublement magistrale.
Jefferson Desport édito Sud-ouest