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Élections législatives 2024 : pourquoi l’unification de la gauche paraissait à ce point impossible
L’union de la gauche est une sorte de formule magique. Elle retentit aux heures les plus graves de l’Histoire et fait vibrer le cœur de tous ceux qui croient qu’il est possible de bousculer la vie. Elle est surtout une condition arithmétique du succès électoral. C’est ainsi que lundi il n’a fallu que quelques heures aux socialistes, communistes, écologistes et Insoumis pour sceller un nouveau "Front populaire", échafauder les très grandes lignes d’un programme commun et s’accorder sur des candidatures uniques dès le premier tour. Rarement négociation n’avait été aussi rondement menée. À croire qu’il n’y avait aucune ombre au tableau.
Et pourtant, depuis un an et notamment durant la campagne des élections européennes, les deux gauches "irréconciliables" ont accumulé les griefs et les accusations. Chez les socialistes, le parti de Jean-Luc Mélenchon était devenu infréquentable, ses désolantes hésitations à clairement qualifier le Hamas de groupe "terroriste" l’avaient relégué aux lisières de l’antisémitisme et on pouvait douter de son engagement aux côtés de l’Ukraine. Par ailleurs, s’agissant de la politique nucléaire, comment raisonnablement concilier écologistes et communistes ? Les éclats de voix des Insoumis, totalement inaudibles, servaient de repoussoir à des sociaux-démocrates pour qui la politique n’était pas un jeu de rôle. Comment oublier cette année d’anathèmes ou encore les invectives incessantes à l’encontre de Raphaël Glucksman, le candidat socialiste aux européennes ? Se parler était inimaginable. Mais en un instant Emmanuel Macron a changé la donne.
La dissolution a dissous comme par miracle les préventions, et l’irruption de l’extrême-droite aux portes du pouvoir a soudain permis à ces deux gauches de réaliser l’impossible – l’union. Comme en 1934, lorsque les groupes fascistes menaçaient la République et rassemblaient en un Front populaire les "camarades ennemis" socialistes et communistes, voilà désormais la gauche qui se retrouve dans toutes ses composantes, des plus radicaux aux plus modérés. Bien sûr, chacun n’oublie rien des coups de griffes. Les socialistes qui s’en sont bien sortis aux européennes comptent rééquilibrer l’état des troupes et, pour la plupart, souhaitent à juste titre que Mélenchon mette enfin une sourdine à ses imprécations grossières. Est-ce trop demander ?
Face au Rassemblement national, était-il possible à la gauche sociale-démocrate de choisir une autre voie qui aurait sans doute préservé son âme mais consacré son impuissance ? Lui était-il possible d’entretenir une division tatillonne et se résoudre au pire ? Des circonstances exceptionnelles ont poussé les partis, fut-ce malgré eux, à construire une alternative sociale et écologiste – jusqu’à quand, dira-t-on ? On verra bien… Pourtant, si, à l’encontre du pessimisme ambiant, un espoir sous nos yeux prenait forme ?….