• Lionel Laparade. / Photo DDM.
    Lionel Laparade. / Photo DDM.  - LAURENT DARD
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Lionel Laparade La DDM édito
 
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Ce n’est ni un coup de tête ni un coup de nerfs, mais bien un coup de théâtre et un coup de poker. Et d’une certaine manière, le choc espéré par Emmanuel Macron et la poignée de conseillers dans la confidence de l’annonce de la dissolution de l’Assemblée, a tenu ses promesses. Les Français se sont réveillés ce lundi matin avec le vertige de celui qui se trouve au bord du précipice et s’apprête à sauter dans l’inconnu. Ils ne sont pas les seuls à n’avoir rien vu venir du scénario ourdi en secret depuis quelques semaines. Gabriel Attal n’a été informé qu’au tout dernier moment, la sidération a gagné la plupart des ministres et au QG de campagne du RN où Jordan Bardella venait de réclamer une fois de plus l’organisation de législatives anticipées, on a cru quelques instants en écoutant distraitement Emmanuel Macron, à une hallucination collective.


Toutes les tentatives ratées de réconciliation entre le pouvoir et le pays, tous les espoirs déçus du camp présidentiel d’élargir le socle majoritaire par des alliances opportunes, et les dizaines de motions de censure qui pavent le second quinquennat du chef de l’Etat, ne pouvaient conduire qu’à l’impasse et donc à la dissolution. L’acte étant entendu et même attendu, il convenait donc pour en renforcer l’impact et la gravité, de théâtraliser l’annonce, de mettre en scène cet instant particulier.


« Mission accomplie » si l’on peut dire : en moins de cinq minutes d’allocution, Emmanuel Macron a complètement chamboulé la soirée électorale et brouillé les esprits. Signe de la puissante magnitude du séisme politique dont on ressent encore les secousses, il s’en est trouvé parmi les contempteurs habituels d’un « pouvoir illégitime » pour qualifier le chef de l’Etat de « taré » ou « d’irresponsable » au moment où celui-ci répondait à leurs injonctions… On pourrait se désoler que l’avenir de la France se joue ainsi sur un coup de dés, que faute d’avoir triomphé du RN comme il l’avait promis, le président de la République prenne le risque de lui confier les clés du pouvoir. Mais que n’aurait-on pas dit de l’aveuglement, de la morgue et du mépris de « Jupiter » si, comme il l’a laissé croire jusqu’à la fin, il n’avait tenu aucun compte du résultat des élections européennes ?


Tout n’est peut-être pas si brun dans le tableau que nous donnent à voir les élections de dimanche et celles qui s’annoncent. Dans le vacarme des anathèmes, la confusion des balivernes ou le brouhaha des candidats farfelus, le camp progressiste et républicain a non seulement fait entendre sa voix, mais surtout reconquis une partie de son socle électoral. Alors que s’ouvrent des discussions entre partis de gauche autour de la constitution d’un « Front populaire », la social-démocratie à la française a-t-elle plus à gagner qu’à perdre en s’alliant à nouveau aux Insoumis tapageurs, et donc à commettre deux fois la même erreur ? Poser la question c’est y répondre…