29 57« La question n’est pas Macron ou non » (par Pierre Arditi) 2 posts

« La question n’est pas Macron ou non » (par Pierre Arditi)

Pierre Arditi défend son engagement historique à gauche mais il se refuse à soutenir le Nouveau Front populaire, disqualifié à ses yeux par l’influence de LFI.
 

 

Pierre Arditi, acteur français.
comédien
Pierre Arditi, acteur français. comédien (Crédits : © LTD / SYSPEO/SIPA)

 

Depuis l'annonce de la dissolution, nous avons l'impression de vivre un cauchemar au ralenti. Celui d'une France blessée et divisée, en route vers son suicide. Celui d'une classe politique indécente, inconséquente, avide de sauver ses intérêts, « l'anatomie d'une chute » vers le chaos. Un moment de bascule historique, celui de la fin d'une ère de démocratie et de liberté, comme nous l'avions lu, jadis, dans les livres, comme nous l'avaient raconté nos parents ou nos grands-parents. Comme si nous vivions, comme au siècle dernier, le délitement inexorable de nos fondamentaux. Cette situation est l'addition que nous payons aujourd'hui de décennies de colère populaire et de la détestation souvent injuste de la classe politique. Le choix du président de la République de dissoudre l'Assemblée nationale, certes constitutionnel, est à mon sens une erreur. Il nous place de manière précipitée face à des perspectives effrayantes.

 

D'un côté le Rassemblement national, parti d'extrême droite, pour lequel votent des citoyens exaspérés, voire désespérés, prêts à essayer des recettes illusoires dont nous connaissons tous l'inanité. Un gouvernement dirigé par le RN ne changerait pas leurs vies. Comme en Italie, il compenserait ses incompétences économiques et sociales par des attaques contre les minorités, contre la culture, contre les plus faibles de la société. Il trahirait les engagements de la France en Europe et dans le monde. Laisser le RN prendre Matignon, c'est accepter au nom d'une pseudo-souveraineté d'abandonner notre indépendance.

 

Cette fois-ci je ne peux pas*

 

De l'autre côté, le Nouveau Front populaire s'est formé avec des cœurs sincères, remplis d'espérance. Ces cœurs sincères sont ma famille, j'ai passé ma vie à les soutenir, à voter comme eux et avec eux. Cette fois-ci, je ne le peux pas. Si certains d'entre eux sont des sociaux-démocrates sincères, je le sais, cette alliance contre-nature est désespérante. Ce Front populaire n'est pas celui des congés payés de Léon Blum, dont ils se réclament, mais celui des ambiguïtés.

 

Ce Front populaire n'est pas celui de Léon Blum mais celui des ambiguïtés

 

Sur le rapport à la démocratie, à l'antisémitisme, à la République, il n'a pas fait, à mon sens, la démonstration de sa clarté. Accaparé par des appareils autocritiques, représenté par des candidats aux propos parfois inqualifiables, tolérant l'intolérable, il nourrit l'inquiétude et conduit au chaos. Entre ces deux blocs, nous sommes asphyxiés et l'air semble irrespirable. Il l'est.

 

Question de survie

 

Il existe une troisième voie, que l'on aime le président de la République ou qu'on l'exècre, c'est ainsi. Les votes du 30 juin pour son parti et les autres députés du camp républicain et démocrate sont les seuls à pouvoir garantir une France apaisée. Une France qui reste celle que l'on a toujours aimée. Une France pour qui les mots de liberté, d'égalité, de fraternité ont un sens et un prix. La question n'est pas Macron ou non. La question est le chaos ou le sursaut, pas une question de personnes mais une question de survie. Il n'y a qu'un seul vote utile dès le premier tour. Notre pays l'exige. Notre pays le mérite.

 

 



23/06/2024
2 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 374 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion