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Les ruptures et trous de mémoire de Bardella
Dans quelle matière sont taillés les costumes de Jordan Bardella?
Tout glisse dessus, rien n’accroche. Comme s’il était
enduit de savon, le président du RN échappe aux questions
embarrassantes, aux contradictions flagrantes, aux volteface
dont son parti est coutumier.
Cela s’est de nouveau vérifié ce mardi soir, sur le plateau de LCI. On
l’interroge sur la Russie de Vladimir Poutine, Jordan Bardella lâche un
réquisitoire à côté duquel celui de Raphaël Glucksmann semble débonnaire.
Ce pays « est aujourd’hui une menace multidimensionnelle,
pour notre sécurité et notre souveraineté ».
L’eurodéputé sortant découvrirait-il que le Kremlin manipule des pays
africains ou orchestre des cyberattaques contre les intérêts français ?
Oublie-t-il que la candidate Marine Le Pen, jusqu’en février 2022, faisait
de Vladimir Poutine son dirigeant modèle et le banquier du
RN ? Il reste muet quand des rivaux rappellent qu’il n’a jamais
voté à Bruxelles en faveur de l’Ukraine ou contre le régime
russe et qu’il maintient le poutinolâtre Thierry Mariani à une
septième place éligible.
L’ubiquité est également saisissante lorsque la tête de liste RN
annonce rompre les liens avec son allié allemand de l’AfD.
Difficile de faire autrement lorsqu’un de sesdirigeants affirme
que « tous les SS n’étaient pas des criminels », à deux
semaines de la commémoration du massacre d’Oradour-sur-Glane,
perpétré le 10 juin 1944 par une division SS. À l’image de saint Thomas,
attendons le 10 juin pour croire Jordan Bardella.
Le RN n’a pas encore fait son « aggiornamento » officiel à l’égard de son
passé, lorsque Jean-Marie Le Pen, son président-fondateur, déclarait en
2005 que « l’occupation allemande n’avait pas été particulièrement
inhumaine ». Mardi soir, Jordan Bardella, commentant la guerre entre
Israël et le Hamas, s’est mis « à la place des Français de confession juive
qui tous les jours sentent monter l’idéologie islamiste sur notre sol ».
Dommage que les plus anciens du parti d’extrême droite ne l’aient pas
fait quand Jean-Marie Le Pen qualifiait les chambres à gaz de « point de
détail » et que Jordan Bardella ait hésité à traiter son aîné d’antisémite.
La rupture entre RN et AfD révèle surtout que l’alliance entre partis
nationalistes n’est qu’une imposture. La souriante photo de famille ne
doit pas occulter ce que disait Romain Gary : « Le patriotisme, c’est
l’amour des siens, le nationalisme, c’est la haine des autres. »
Éditorial Benoît Lasserre Sud-Ouest