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Elections à la SNCF: la CGT poursuit sa baisse au profit de Sud-Rail
Les résultats des dernières élections aux différents conseils d'administration de la SNCF traduisent assez bien la montée de la radicalité au sein de la compagnie ferroviaire depuis plusieurs années, radicalité alimentée par un malaise social maintes fois dénoncé.
Si la CGT reste au global le premier syndicat représenté au conseil d'administration de la SNCF, elle perd d'année en année des positions face à Sud-Rail.
La CGT Cheminots obtient au global 32,85% des voix des salariés contre 36,79% en 2020, 42% en 2008 et 51,4% en 1998! Pour la seule filiale SNCF Voyageurs, l'organisation syndicale perd 4 points à 31,4% des voix.
Pas une bonne nouvelle pour la direction
A l'inverse, la progression de Sud-Rail impressionne. De 13,4% en 2003, le syndicat revendique cette année 20,27% des suffrages, soit 3,3 points de plus qu'en 2020. Pour SNCF Voyageurs, Sud engrange près de 4 points à 25,49%.
Cette évolution du rapport de force n'est pas vraiment une bonne nouvelle pour la direction de la SNCF.
Sud-Rail est à l'origine ou accompagne des mouvements de grève les plus durs (conducteurs, chefs de bord), multiplie les préavis avant les négociations et rejette en bloc les nouvelles méthodes de dialogue social de la direction, qui souhaite désormais des négociations non-catégorielles.
Elle joue souvent la surenchère et bouleverse les règles des négociations avec la direction qui a souvent du mal à avoir le même interlocuteur.
L'organisation bénéficie en outre d'une très bonne exposition médiatique et séduit les jeunes générations de cheminots à la différence de la CGT ou de Force ouvrière (5,3% des suffrages).
De quoi mettre la pression sur la direction. Dans une interview à Ville Rail et Transports, Jean-Pierre Farandou, PDG du Groupe, critique d'ailleurs les méthodes à la hussarde de Sud-Rail.
"Attention à ne pas galvauder la grève"
"Nous faisons parfois face à des préavis de préavis! Ce n’est pas la meilleure façon d’aborder le dialogue social. Je ne vois pas pourquoi il faudrait en passer par la grève pour améliorer la situation. Je rappelle que la grève, ça pénalise les cheminots qui perdent de l’argent, l’entreprise alors qu’elle a besoin d’argent pour investir dans le réseau ferré et acheter des TGV et pour payer les cheminots, et surtout nos clients, voyageurs et fret, qui peuvent partir chez nos concurrents. Attention à ne pas galvauder la grève!"
Reste que Sud-Rail n'est pas encore le second syndicat à la SNCF. C'est l’UNSA, née en 1993, qui enregistre un score historique à 23,23% contre 21,8% en 2020 et 11,7% en 2003. Précisions néanmoins que cette organisation représente d'abord l'encadrement à la SNCF.
Du côté des syndicats réformistes, la CFDT progresse également, passant de 13,4% en 2020 à 14,9% cette année.
Si cette montée en puissance de Sud-Rail est délicate pour la direction, elle doit également composer avec une autre tendance, celle des collectifs de cheminots qui se mobilisent en dehors des syndicats. Le collectif des chefs de bord avait ainsi été à l'origine de la grande grève de décembre 2022.
