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La Palestine et le festival des Insoumis
La star hollywoodienne Cate Blanchett n’a pas été exclue du tapis
rouge cannois en s’y exhibant avec une robe (griffée Jean-Paul
Gaultier quand même) aux couleurs palestiniennes. On ne lui
conseille cependant pas d’aller, ainsi vêtue, dans un territoire détenu
par les islamistes du Hamas… La Croisette est plus chic et plus
sécurisée.
Moins oscarisé que l’actrice et, de surcroît, censé incarner la République
- comme le hurla au visage d’un policier son mentor, Jean-
Luc Mélenchon - le député marseillais Sébastien Delogu a été banni
quinze jours de l’hémicycle pour avoir brandi le drapeau palestinien.
La sanction peut sembler sévère puisque le parlementaire n’a
créé qu’un court tumulte et n’a commis aucune violence physique.
Mais elle a été démocratiquement votée par une majorité de députés
et elle est prévue, noir sur blanc, dans le règlement de
l’Assemblée nationale que Sébastien Delogu a lu, souhaitons-le.
Avant d’entrer au Palais-Bourbon, ce trentenaire un peu
éruptif exerçait le métier de chauffeur de taxi à Marseille et
transportait Jean-Luc Mélenchon dans la Cité phocéenne lorsque ce
dernier en était le représentant. À moins qu’il conduise sans permis,
Insoumis jusqu’au bout, Sébastien Delogu se plie au Code de la
route, donc s’arrête au feu rouge et cède même la priorité à droite.
Pourquoi ne respecte-t-il donc pas le protocole de l’Assemblée nationale
sinon pour un petit festival médiatique qui n’améliore en
rien le sort effrayant de la population de Gaza ? On pourrait s’étonner
qu’il n’ait agi de la sorte avec un drapeau israélien le 7 octobre
mais, depuis cette date, on sait quel parti ont choisi les Insoumis.
Si c’est pour alerter le perchoir et l’opinion sur l’iniquité des sanctions
parlementaires, très bien, sauf qu’il existe un bureau chargé
de résoudre cette controverse. Yaël Braun-Pivet, la présidente de
l’Assemblée nationale, admet d’ailleurs que l’arsenal de pénalités
mériterait d’être corrigé en introduisant, pourquoi pas, comme en
rugby, un carton jaune limitant l’exclusion à une journée.
L’objectif, d’ailleurs atteint, était surtout de faire un coup d’éclat
électoraliste, qu’un collègue Insoumis, David Guiraud, a conclu par
l’inévitable altercation verbale avec un autre abonné à l’insulte et à
l’outrance, le député Meyer Habib, traité de « porc », bien sûr sans
intention antisémite. Peut-on espérer un stop à l’escalade le soir du
9 juin ? Rien n’est hélas garanti.
Éditorial Sud-Ouest Benoît Lasserre