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��� Le plan des généraux pour sauver Israël

  • par Martine Gozlan, pour Le Point - mars 2024 Republié par JAL Rossi Revue de presse
Alors que la tragédie continue à Gaza et que la riposte israélienne aux attaques s’intensifie, Benyamin Netanyahou est contesté par la majorité des Israéliens, généraux en tête. Nous les avons rencontrés.
 
À Tel-Aviv, on s'arrête pour le saluer dans la rue. Mais ce pourrait être partout dans le pays. Le général de réserve Noam Tibon, 62 ans, est l'un des hommes les plus populaires d'Israël. Le Point a évoqué sa saga quand il a foncé, le 7 octobre, vers le kibboutz Nahal Oz où vivait son fils pour sauver sa famille, évacuer les blessés en route, et combattre les terroristes. Aujourd'hui, il balaie le jour fatal d'un revers de la main et préfère dessiner l'avenir.
 
Pas de temps à perdre.
 
Il le martèle : «Tsahal est enlisé à Gaza et tout ce que l'armée a obtenu risque d'être perdu si nous ne trouvons pas une solution immédiatement. Au lieu de chercher une issue, Netanyahou entre en conflit avec le président des États-Unis, un soutien d'Israël.» Le général Tibon est un adversaire du Premier ministre. La majorité de ceux qui ont occupé les plus hautes fonctions dans l'armée comme dans les services de renseignements appelle à sa démission et à des élections anticipées. Ils avaient déjà constitué, avant le 7 octobre, le «Forum des 170 généraux pour la défense de la démocratie».
 
Des noms circulent
 
Depuis le massacre, le mouvement s'est encore amplifié. Ses représentants ont un plan, confirme le général Ilan Mizrahi, ex-directeur adjoint du Mossad : «Le Hamas une fois éliminé militairement, ce serait une terrible erreur pour Israël si des colons s'installaient à Gaza. Il faut arrêter de relayer cette idée, minoritaire en Israël. Mais Tsahal doit rester quelque temps pour organiser l'aide humanitaire, s'assurer qu'elle parvienne bien aux civils et non aux derniers partisans du Hamas. On prévoit une force euro-arabe et une administration palestinienne, mais pas sous la direction de Mahmoud Abbas.
 
Comment pourrait-il gouverner Gaza alors qu'il ne peut pas gouverner Ramallah ?» Les noms qui circulent sont ceux de Mohamed Shtayyeh et de l'économiste Salam Fayyad, deux ex-Premiers ministres de l'Autorité palestinienne. Ou encore Majed Faraj, le chef des renseignements de l'Autorité, qui fut proche de la CIA. La reconstruction serait financée par les États-Unis, l'Europe et les pays du Golfe. Les négociations entre Israël et l'Arabie saoudite reprendraient.
 
«Akhshav ! Maintenant !»
 
On n'est pas très loin des propositions de Joe Biden. Et pour cause : «Le plus important, c'est de refonder une relation forte entre Israël et les États-Unis, l'Europe, les pays du Golfe et l'Égypte, contre l'Iran», insiste le général Tibon. Il s'apprête à rejoindre la manifestation qui aura lieu ce 14 mars en début de soirée à Tel-Aviv «pour l'égalité devant le service militaire». Il s'agit d'en finir avec l'exemption des jeunes ultra-orthodoxes, une survivance du statut négocié par David Ben Gourion avec le Grand Rabbinat, en 1948, à la fondation de l'État.
 
À l'heure où les jeunes recrues tombent chaque jour au front, 70 % des Israéliens jugent cette inégalité aberrante. «Tsahal n'a pas assez d'hommes pour assurer la sécurité du pays, explique Noam Tibon. Il en faudrait dix mille de plus selon Yoav Gallant, notre ministre de la Défense.» Des familles de soldats d'active, des réservistes et de nombreuses organisations de la société civile comme le mouvement Frères d'armes vont manifester. L'opposition à Netanyahou s'élargit chaque jour, au fur et à mesure que s'éloigne l'objectif prioritaire de la guerre : libérer les otages tout en détruisant militairement le Hamas. Les cris des familles – «Akhshav ! Maintenant !» – retentissent régulièrement sur le rivage de Tel-Aviv. «Si on ne ramène pas les otages vivants, il y aura quelque chose de brisé dans l'âme d'Israël», souligne Ilan Mizrahi. Et Noam Tibon affirme : «Je soutiens un cessez-le-feu pour qu'ils reviennent. Y compris aux conditions du Hamas.»
 
Les conditions dictées par Yahya Sinwar, le chef du Hamas caché dans les tunnels, le général Ofer Dekel n'a pas de mal à imaginer comment l'homme les a élaborées. Dekel, ancien chef du Shin Bet, les renseignements intérieurs, a fait partie de l'équipe qui négociait la libération de Gilad Shalit, échangé en octobre 2011 après cinq ans de captivité contre 1.027 prisonniers palestiniens, dont Sinwar. «Je l'ai beaucoup fréquenté dans sa prison, se souvient Ofer Dekel. Sinwar n'est pas un type courageux, un combattant qui risque sa vie. Il a fait carrière non par des exploits, mais en torturant et en tuant des Palestiniens accusés de collaboration. Je pense qu'aujourd'hui un canal de discussion reste ouvert pour libérer nos otages parce que Sinwar veut deux choses : obtenir qu'on relâche des prisonniers et sauver sa peau.»
 
«L'antisémitisme est faible quand Israël est fort»
 
Membre du «Forum des généraux» depuis la première heure, Ofer Dekel compte sur une fracture de la coalition au pouvoir pour faire tomber le gouvernement. C'est aussi l'espoir de Frères d'armes, cofondé par le colonel Ronen Koehler, un officier des commandos marine. Ce mouvement a organisé la solidarité au lendemain du 7 octobre avec une logistique et une efficacité qui lui valent d'être ultra-populaire. De nombreux Israéliens estiment que ses milliers de bénévoles se sont substitués à un État absent. Selon un nouveau sondage diffusé par la chaîne 12 de la télévision, si les élections avaient lieu en ce moment, la droite et l'extrême droite seraient minoritaires avec 46 sièges sur 120.
 
Et le nouveau Premier ministre serait probablement Benny Gantz, membre du cabinet de guerre, leader du parti Unité Nationale, reçu récemment à Washington et à Londres avec les honneurs, à la grande fureur de Netanyahou. Ex-chef d'État-major, Gantz à la faveur du Forum des généraux comme Gadi Eizenkot, qui siège à ses côtés, dirigea lui aussi Tsahal et vient de perdre son fils, tombé au combat à Gaza. Devraient-ils claquer la porte du cabinet de guerre, quitte à déclencher une crise ? «Il n'y a pas plus grande crise que celle où nous précipite le Premier ministre, résume le général Tibon. Le passé nous a appris que l'antisémitisme est faible quand Israël est fort, et fort quand Israël est faible. La force de Netanyahou est illusoire.»�
  • Illustration : Selon un nouveau sondage, si les élections avaient lieu en ce moment, la droite et l’extrême droite seraient minoritaires avec 46 sièges sur 120. © Armer Nicolas / Armer Nicolas / DPA / ABACA
Peut être une image de 2 personnes et le Mur des Lamentations
 


29/03/2024
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