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Sciences Po de nouveau dans la tourmente

L'occupation du principal amphithéâtre de l'établissement, mardi, par des pro-Palestiniens a conduit Emmanuel Macron à taper du poing sur la table, lors du Conseil des ministres ce mercredi matin. Gabriel Attal s'est invité dans l'après-midi au conseil d'administration. Le directeur, Mathias Vicherat, a démissionné le même jour sur fond de violences conjugales.

Mathias Vicherat a annoncé ce mercredi qu'il quittait la direction de Sciences Po.
Mathias Vicherat a annoncé ce mercredi qu'il quittait la direction de Sciences Po. (Simon Lambert/Haytham-rea)

Par Marie-Christine Corbier LES ECHOS

Publié le 13 mars 2024 
 

Les crises se superposent à Sciences Po. Son directeur Mathias Vicherat a annoncé ce mercredi matin sa démission. « J'ai appris que mon ex-compagne et moi-même étions renvoyés devant le tribunal correctionnel », a justifié le directeur de l'Institut d'études politiques de Paris et administrateur de la Fondation nationale des sciences politiques, expliquant qu'il partait pour « préserver » l'institution.

 

Une administration provisoire va se mettre en place « dans les prochains jours », a indiqué la direction de Sciences Po. Après l'affaire Duhamel qui avait précipité le départ de son prédécesseur Frédéric Mion, en février 2021, une nouvelle procédure va donc s'enclencher pour lui trouver un remplaçant.

 

Sciences Po se retrouve au même moment au coeur d'une tempête politique après des événements qui se sont déroulés mardi matin, dans l'amphithéâtre principal de l'établissement. Une centaine d'étudiants ont occupé l'amphithéâtre Boutmy dans le cadre d'une « journée de mobilisation universitaire européenne pour la Palestine ».

Une étudiante de l'Union des étudiants juifs de France (UEJF) a « été empêchée d'accéder à l'amphithéâtre » où se tenait l'action et « des propos accusatoires ont été prononcés » à la tribune « à l'encontre » de l'association, a dénoncé Sciences Po sur X (anciennement Twitter). « Ne la laissez pas rentrer, c'est une sioniste », a-t-il été dit selon l'UEJF.

« Agissements intolérables »

Un membre du Comité Palestine de Sciences Po a réfuté auprès de l'AFP qu'une telle phrase ait été prononcée. Selon la porte-parole du gouvernement Prisca Thévenot, « des témoins ont été entendus » par la ministre de l'Enseignement supérieur Sylvie Retailleau, qui s'est rendue sur place mardi et a invité « la jeune étudiante qui a été victime de ces propos […] à se présenter devant la justice ».

La direction de Sciences Po a annoncé qu'elle allait saisir « la section disciplinaire en vue de sanctionner ces agissements intolérables », considérant « que plusieurs lignes rouges » avaient été « franchies ».

Oui, les établissements universitaires sont autonomes, mais cette autonomie ne justifie en aucun cas le moindre début de séparatisme.

Emmanuel Macron selon les propos rapportés par Prisca Thévenot

L'affaire a pris un tour politique. Lors du Conseil des ministres, Emmanuel Macron a dénoncé des propos « inqualifiables et parfaitement intolérables ». Selon la porte-parole du gouvernement, le chef de l'Etat « a rappelé avec clarté et fermeté sa position : oui, les établissements universitaires sont autonomes, mais cette autonomie ne justifie en aucun cas le moindre début de séparatisme ».

 

Gabriel Attal s'est invité au conseil d'administration de Sciences Po ce mercredi après-midi. Selon un participant, il a annoncé que le procureur de la République allait être saisi au titre de l'article 40 du Code de procédure pénale, pour déterminer ce qui s'est passé, et indiqué que des sanctions très fermes seraient prises.

Le nouvel administrateur provisoire devra « inverser la pente » qui est aujourd'hui, selon le Premier ministre, celle d'une « minorité agissante et dangereuse ». Le respect des valeurs de la République et de la liberté d'expression sera aussi inscrit dans le contrat d'objectifs et de moyens et fera partie de la feuille de route de la prochaine direction « et des principaux objets de la sélection de la future direction ».

Les meilleurs étudiants regardent ailleurs

« Bravo aux étudiants de Sciences Po qui se mobilisent contre le génocide en cours à Gaza », avait réagi sur X le député apparenté LFI, Aymeric Caron, tout comme la candidate LFI aux élections européennes, Rima Hassan, qui a apporté son « soutien à tous les étudiants et à toutes les facultés qui se mobilisent contre le génocide en cours ».

« Ce qui s'est passé a un nom : l'antisémitisme », a commenté la ministre en charge de l'Egalité entre les femmes et les hommes, Aurore Bergé. Le Rassemblement national quant à lui s'en est pris à la direction de Sciences Po, « incapable de dénoncer le caractère antisémite de ce qui s'est produit dans cette école ».

 

« Sciences Po devient le temple de la communication radicale sur tous les sujets, qu'il s'agisse du départ de son directeur ou des événements survenus dans l'amphithéâtre Boutmy, regrette un fin connaisseur de l'institution, pourtant critique à l'égard de Mathias Vicherat. C'est censé être un lieu de débat de fond, de tolérance et d'humanité et donc on devrait accepter d'avoir un directeur imparfait sur sa vie privée sur quelque chose qui n'a rien à voir avec l'établissement. »

Dans l'histoire, le grand perdant de cette « communication radicale » sera Sciences Po, poursuit-il encore, en redoutant l'ampleur que donnera la venue de Gabriel Attal à ces événements, à l'international. Pendant ce temps, « les meilleurs étudiants se tournent vers les concurrents de Sciences Po - Oxford, Cambridge, LSE (London School of Economics) ou la Bocconi », déplore-t-il.

 

Marie-Christine Corbier

 


13/03/2024
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