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Mercosur, l’indigeste traité

 

 

Du poulet brésilien congelé fin 2022, arrivé en Europe via le
port de Rotterdam, et intercepté, la semaine dernière, à
Marmande par les agriculteurs lot-et-garonnais. Cette
saisie illustre à elle seule ce qu’ils dénoncent depuis plusieurs
années : la concurrence déloyale. Soit l’importation de veaux, vaches,
cochons, volailles, fruits et légumes qui ne répondent pas
aux mêmes normes environnementales et sociales que nous.
Une offre autrement moins coûteuse à produire, et donc vendue
moins cher aux consommateurs. Lesquels, en période d’inflation,
s’avèrent être moins regardants sur l’origine de ce qui
garnit leur panier. C’est un fait : les déclarations d’amour aux
agriculteurs se heurtent à une logique qui n’a rien de romantique
: celle du pouvoir d’achat. Et en la matière, le bonheur est
dans le prix.


Alors que les premières annonces de Gabriel Attal n’ont pas
désamorcé la colère du monde agricole, une des clés de ce conflit
se trouve dans les négociations sur le Mercosur, cet accord
commercial qui pourrait donner naissance à une zone de libre échange
sans équivalent entre l’Europe des 27, les deux géants
d’Amérique du Sud – l’Argentine et le Brésil – , le Paraguay et l’Uruguay.
Or, les agriculteurs l’ont dit : ils n’en veulent pas. Précisément
pour ces raisons de concurrence déloyale. Ces derniers jours, l’exécutif
a lui aussi rappelé son opposition à ce traité. Preuve de l’urgence
du sujet, Emmanuel Macron l’évoquera ce jeudi avec Ursula
von der Leyen, la présidente de la Commission européenne.


En attendant, nos importations d’Amérique du Sud montrent déjà
l’étendue du fossé qui nous sépare, en particulier sur le plan

environnemental et sanitaire, avec ces fruits et ces viandes contenant
des résidus de pesticides et d’insecticides interdits en France.

Comble de l’ironie, ces mêmes pesticides peuvent être
fabriqués en Europe, exportés dans les pays du Mercosur et finir
dans nos assiettes via leur viande de boeuf ou leur riz…


Une certitude : si les craintes de nos agriculteurs sont fondées,
ils sont aussi des exportateurs de poids. À commencer par les
vignerons du Bordelais, de Provence ou de Champagne dont les
bouteilles irriguent l’Europe, la Chine et les États-Unis. S’opposer
au Mercosur est une chose, fermer les frontières, se replier sur
soi en est une autre. Or, c’est la promesse des extrêmes qui,
sciemment, oublient toujours cet aspect. Alors qu’ils ne cessent
de progresser, se nourrissant à la louche de toutes les colères,
l’Europe n’a d’autre choix que de repenser sa vision de l’agriculture,
sous peine de finir dans les choux. Le constat est là : les
9 milliards d’euros d’aides directes versés à l’agriculture française
dans le cadre de la politique agricole commune (PAC) sont
loin de répondre au défi d’un monde toujours plus globalisé.

 

   Jefferson Desports édito Sud-Ouest

 

 

 

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01/02/2024
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