2671- La hantise du retour de Donald Trump 1 post

 

LA CHRONIQUE DE MICHEL WINOCK


La hantise du retour de Donald Trump


À l’approche de la nouvelle élection présidentielle, les États-Unis nous font peur. L’épouvantable Donald Trump caracole désormais en tête des sondages en face d’un Joe Biden,dont la dignité et l’intelligence ne peuvent,balancer la popularité du clown aux cheveux jaunes qui, de meeting en meeting, de provocation en provocation, de mensonge en mensonge, déchaîne l’enthousiasme de cette partie d’un peuple qui n’est plus qu’une foule. 


De loin, ici, de l’autre côté de l’Atlantique, nous suivons, effarés, la course au pouvoir de ce milliardaire qui plaît aux pauvres. Il les a persuadés que l’élection de 2020 avait été truquée;que l’assaut du Capitole du 6 janvier 2021 était à élever au rang des hauts faits démocratiques, que son élection était « la dernière chance pour sauver l’Amérique ». La démocratie américaine semble menacée de tomber sous la main du plus formidable tricheur, du plus incroyable imposteur, du plus malfaisant chef d’État de son histoire.Ses électeurs l’ont vu pendant quatre ans à l’oeuvre,ils en 

redemandent.


La menace est double. Elle pèse d’abord sur le bon fonctionnement, on pourrait dire sur la survie de la démocratie en Amérique. Depuis leur fondation, à la fin du XVIIIe siècle, les États-Unis étaient à la pointe du grand mouvement d’émancipation des peuples brisant les fers de l’Ancien régime. Tout au moins, c’est ainsi qu’on les regarda d’Europe. C’était oublier sa part maudite, la destruction ou le refoulement des tribus indiennes et le système esclavagiste. Un double péché originel, si l’on peut dire.


Malgré cela, comparés aux États du vieux monde, les États- Unis portaient le drapeau de la démocratisation. Leur histoire n’appartient pas au livre des anges, mais quel pays pourrait se vanter d’un passé blanc comme neige ? Le racisme et l’apartheid, le capitalisme sauvage, les magouilles politiciennes dans un État où tant de postes sont électifs, le gangstérisme stimulé par la prohibition, le règne de l’argent-roi… on a pu écrire des livres entiers sur les tares de la démocratie américaine. Cela n’a pas empêché qu’elle fonde des institutions solides, des contre-pouvoirs considérables, notamment celui d’une presse puissante, sans égale dans le monde ; qu’elle permette l’alternance au pouvoir de deux
grands partis;qu’elle est un des rares pays au monde à n’être jamais tombé sous une dictature.


Les États-Unis exercèrent, après la Seconde Guerre mondiale, un rempart face aux conquêtes du communisme. Ils devinrent, armement nucléaire à l’appui, le bouclier du « monde libre ». Un rôle de gendarme qui l’entraîna parfois dans des guerres aveugles comme au Vietnam, et plus tard en Irak sous George Bush junior. Malgré toutes les turpitudes de sa politique extérieure, la démocratie américaine, appuyée sur l’Otan, est restée le pôle de résistance aux entreprises totalitaires.


Or, ce rôle ne lui était pas attribué au départ. Dans le début de leur histoire, les États-Unis s’affirmaient isolationnistes.

Dans son message d’adieu, George Washington indiquait : « Notre véritable politique doit être d’éviter des alliances permanentes avec quelque partie que ce soit du monde étranger.» Forts d’un vaste espace et de richesses naturelles, les
Américains répugnaient à se mêler aux affaires du monde. Jusqu’au moment où le monde s’est mêlé d’eux, en 1917 et, définitivement, en 1941. Aujourd’hui ,c’est précisément cette vocation à l’isolationnisme que Donald Trump représente. Vainqueur à l’élection de 2016, on l’a vu tour à tour récuser les accords avec l’Iran sur l’armement nucléaire, quitter les accords de Paris contre le réchauffement climatique, dont il nie lui-même la réalité, tenter de murer son pays contre
l’immigration, transférer son ambassade de Tel-Aviv à Jérusalem, etc. Par chance, la victoire électorale de Joe Biden a permis aux Ukrainiens, agressés par les Russes, de pouvoir compter sur l’aide matérielle des Américains. Qu’en adviendra- t-il après la victoire éventuelle de Donald Trump ?


Dans cette perspective, l’Europe, plus que jamais, doit compter sur elle-même. Trop longtemps, elle a dépendu de l’aide et de la protection des États-Unis. La voie est tracée, même si elle comporte mille obstacles. Aucun État-nation

d’Europe ne peut prétendre à la sauvegarde de son territoire,  la protection de ses habitants, au maintien de ses valeurs démocratiques sans la construction d’une Union politique, diplomatique et militaire. Les souverainistes et autres eurosceptiques auraient intérêt à le comprendre : « la France seule » est la formule de la chute.


MICHEL WINOCK La chronique pour Sud-Ouest



14/01/2024
1 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 355 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion