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La France dans le chaudron

 

Elle a la plus grande diaspora juive d’Europe. Et abrite des millions de citoyens originaires des pays du Maghreb et du Levant. Qu’elle le veuille ou non, la France vit au rythme des convulsions du conflit israélo-palestinien. La dernière en date la percute même de plein fouet avec désormais 30 Français tués dans l’attaque terroriste du 7 octobre, et sept disparus dont certains otages du Hamas à Gaza.

   Autant dire que la solidarité et l’empathie avec le malheur d’Israël sont hautement légitimes. Y compris lorsque la France soutient le droit de l’État hébreu à se défendre en pourchassant ceux qui veulent le chasser de sa terre. Par tous les moyens ? Non. Impossible en effet de fermer les yeux et la bouche sur le drame des civils palestiniens pris en étau entre les tirs israéliens et le jusqu’au-boutisme criminel de la branche terroriste qui prétend parler en leur nom.

     Paris s’est toujours targué de tenir une position équilibrée : la sécurité pour Israël, un État pour les Palestiniens. Mais d’avoir, comme les Américains, abandonné depuis des années toute ambition diplomatique dans la région, complique un retour sur ce terrain miné. Et l’on comprend qu’Emmanuel Macron soupèse les risques avant de plonger dans le chaudron : Joe Biden lui-même n’a-t-il pas dû quitter Jérusalem sans avoir rencontré les dirigeants arabes sur lesquels il compte pour empêcher un embrasement ?

   Mais rester inerte n’est pas une option. La probable offensive terrestre de Tsahal n’est pas lancée que la rue arabe s’enflamme déjà. Et l’Hexagone bouillonne. Faut-il laisser se dérouler les manifestations pro palestiniennes au risque d’y voir fleurir des slogans antisémites et des drapeaux verts du Hamas ? Les juifs français, eux, redoutent de voir les abominations du 7 octobre trop vite occultées, et l’hydre terroriste, déjà resurgie dans un lycée d’Arras, les prendre de nouveau pour cible.

   Les services de renseignement, eux, ne se font pas d’illusions, le « djihadisme d’atmosphère », décrit par l’islamologue Gilles Kepel, va profiter du nouveau carburant que constitue le fracassant retour de la cause palestinienne. Et dans la chambre d’écho des réseaux sociaux, les propos ambigus, comme ceux du footballeur Karim Benzema, compatissant envers les civils de Gaza en oubliant de nommer ceux qui ont allumé la mèche, sont comme des allumettes.

   C’est pourquoi la France, plus que tout autre pays, doit renouer avec ses fondamentaux : dans ce Proche-Orient au bord de l’abîme, elle doit retrouver sa voix et se réimpliquer avec énergie dans la seule cause qui vaille, même si elle paraît impossible à court terme : la recherche de la paix. 

 

                                                                  Christophe Lucet édito Sud-Ouest



21/10/2023
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