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 Abayas : Attal ne se dérobe pas

 

 

Un contraste saisissant. Si Pap Ndiaye n’a jamais imprimé sa marque à la tête du ministère de l’Éducation nationale, son successeur n’a pas perdu une minute. Pour sa première rentrée, Gabriel Attal a montré qu’il faudrait compter avec lui. Tout sauf une surprise. À 34 ans, on n’affiche pas par hasard une trajectoire aussi fulgurante. Mais en s’attaquant de manière aussi nette aux atteintes à la laïcité, il a d’ores et déjà donné une tonalité particulière à sa nomination. Certes, il est faux d’écrire que rien n’a été fait sur le sujet. Mais il manquait une décision
forte et surtout sans ambiguïté. En annonçant l’interdiction des abayas, ces longues robes couvrant le corps des jeunes filles, Gabriel Attal n’a pas seulement posé un acte d’autorité, il a surtout fait preuve de clarté.


Car si, pour le Conseil français du culte musulman, ces tenues ne revêtent pas de caractère religieux, elles ont toutefois prospéré dans les cours de récréation,

posant  la question d’une nouvelle forme de prosélytisme. Or, la grande force du communautarisme est justement là : savoir se faufiler dans ces interstices, s’installer dans ces zones grises.C’est ce piège qu’entend déjouer GabrielAttal.

Avec cette interdiction, et à condition qu’elle soit appliquée, les chefs d’établissement ne devraient donc plus être livrés à eux mêmes. Et leur réaction le prouve : c’est ce qu’ils attendaient.


Pour autant, la route vers cette interdiction pourrait être plus escarpée que prévu. En effet, Gabriel Attal va devoir publier maintenant une circulaire pour en préciser les modalités. Et surtout définir ce qu’est une abaya. Or, l’exercice a

tout du casse-tête. Quelle forme retenir ? Quelle longueur ? C’est précisément
ce qui avait dissuadé Pap Ndiaye de se lancer dans une telle entreprise, convaincu que la justice, qui ne manquerait pas d’être sollicitée, la retoquerait.


Il n’empêche. Il est impossible de donner tort à son successeur lorsqu’il rappelle que l’école doit rester « le temple de la laïcité ». Oui, l’école doit pouvoir enseigner sans rien occulter, dispenser des cours d’éducation sexuelle sans être l’objet de menaces, ni accusée d’offenser telle ou telle religion. Quelques jours avant d’être décapité par un islamiste, Samuel Paty avait montré des

caricatures de Mahomet à ses élèves. Comment l’oublier ? Si l’école, où les défis sont immenses, veut rester le creuset de la République et retrouver son rôle d’ascenseur social, il n’y a pas à transiger avec la remise en cause de la laïcité. Elle est en le socle. En prenant à bras-le-corps ce sujet, Gabriel Attal a tiré de l’ombre un mal insidieux qui a souvent brûlé les doigts de ses prédécesseurs. Mais, en la matière, il n’y aurait rien de pire que des annonces sans lendemain.

 

                                                      Jefferson Desport édito Sud-Ouest             



29/08/2023
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