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Trump, l’outrage démocratique

 

éditorial Sud-Ouest Jefferson Desport

 

 

«Qui imagine un seul instant le général de Gaulle mis en examen ? » : à quelques mois de la présidentielle de 2017, si cette attaque frontale de François Fillon contre Nicolas Sarkozy avait bousculé la droite, six ans plus tard, elle ne décoifferait pas d’un millimètre le brushing de Donald Trump. Jeudi, l’ancien président des États-Unis a comparu devant un tribunal de Washington, à quelques pas de la Maison-Blanche, pour une troisième inculpation –série en cours –et répondre de « complot contre l’État américain ». Le milliardaire golfeur est accusé d’avoir voulu inverser les résultats de la dernière présidentielle et ainsi empêcher l’élection de son adversaire démocrate, Joe Biden. Rien de moins. Sans surprise, l’homme qui a provoqué l’assaut du Capitole en janvier 2021 a plaidé « non coupable ». Surtout, celui qui cumule 78 chefs d’inculpation, dont une mise en examen pour avoir tenté d’acheter le silence d’une ancienne actrice porno, a aussitôt enfilé son costume favori, celui de… la victime.


Tout cela pourrait prêter à sourire. C’est en réalité tragique. D’abord, parce qu’en dépit de cette montagne de casseroles, l’ex-présentateur télé de 77 ans est de nouveau en course pour la présidentielle de 2024. Ensuite, parce qu’il reste de très loin le favori de la primaire républicaine. Enfin, parce qu’au lieu de le fragiliser, ces affaires contribuent à le porter, soudant au fer un électorat qui se moque de ses éructations libidineuses, de ses mensonges, de ses approximations et, encore moins, de sa violence verbale ; lui qui n’a pas hésité à insulter Joe Biden en le traitant de « stupide fils de pute ». Là encore, cette grossièreté avilissante n’a rien de risible. En effet, que la première puissance économique du monde patauge ainsi n’a rien de rassurant. Et ce d’autant moins qu’en face, Joe Biden, le président sortant candidat à succession, multiplie les signes de fragilité. À 80 ans, ses moments d’absence, de confusion et ses chutes sont, dans un autre registre, tout aussi inquiétants.


Or, la prochaine présidentielle américaine va se dérouler dans un monde toujours plus instable. Avec, d’un côté, une guerre en Ukraine qui s’enlise et, de l’autre, une Chine déterminée à détrôner les États-Unis ; sans oublier l’explosive question de Taïwan.Plus que jamais,l’époque appelle des responsables politiques

capables de discernement et surtout dotés de sang froid. Tout ce qui manque à l’ex-magnat de l’immobilier. Mais au-delà, cette « trumpisation » des esprits ne saurait se résumer à un problème d’idéologie. Le danger vient d’abord de sa capacité à affaiblir la politique en transformant l’espace démocratique en un ring où les extrêmes n’ont plus qu’à porter leurs coups. Et réduire à néant l’idée même de débat.



05/08/2023
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