• Jean-Claude Souléry
    Jean-Claude Souléry DDM
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Jean-Claude Souléry
 
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En net progrès, mais doit mieux faire. C’est en quelque sorte l’appréciation qu’on pourrait retenir à propos de la pollution atmosphérique de nos villes. Autrement dit : on respire mieux qu’il y a vingt ans, les émissions de dioxyde d’azote et de particules fines ont nettement diminué, et pourtant nous sommes encore loin des recommandations exigées par l’Organisation mondiale de la santé et la Commission européenne. La faute surtout au trafic routier de quelques grandes agglomérations - Paris, Lyon, Marseille - où, certains jours, la qualité de l’air laisse à désirer et dépasse largement les limites prévues. Ainsi, la France est régulièrement montrée du doigt pour sa lenteur à prendre des mesures concrètes.

 

Interdire la circulation des véhicules les plus polluants : c’est la raison d’être des fameuses Zones à faibles émissions (ZFE) qui, fin 2024, devraient concerner 43 territoires urbains. Autant dire que leur mise en place traîne en longueur pour des considérations strictement politiques : comment faire accepter ces « zones rouges » par une population aux revenus parfois modestes qui, faute de renouveler ses trop vieilles bagnoles, serait clairement exclue des centres-villes ? S’il en était ainsi, le gouvernement et les élus craignent aussitôt un possible retour des Gilets jaunes dont la très longue contestation avait trouvé son origine, en novembre 2018, dans l’augmentation de la taxe carbone - c’est-à-dire une essence plus chère, synonyme d’injustice sociale.

 

Le rapport national sur les ZFE que Jean-Luc Moudenc, le maire de Toulouse, vient de remettre au gouvernement, a l’habileté de prendre en compte « l’acceptabilité sociale » d’une telle procédure. Doubler les aides de l’État - bonus écologique et prime à la conversion -, revoir les contraintes de la vignette Crit’Air, établir des dérogations pour les « petits rouleurs » Autant de pistes proposées pour atténuer les contraintes qui pèsent en priorité sur les automobilistes aux revenus modestes, tous ceux - et ils sont nombreux - qui ne peuvent absolument pas se payer demain la belle voiture écolo qu’on voit sur les publicités.

 

Le débat n’est pas nouveau : tout le monde a pris conscience du changement climatique et des efforts exigés pour limiter la pollution atmosphérique. Mais l’engagement écologique ne peut pas être répressif et injuste, il ne peut pas se décréter par un simple claquement des doigts qui, du jour au lendemain, ferait fi des vieilles habitudes. Une société évolue toujours plus lentement que ne le souhaiteraient les experts scientifiques - rien de pire qu’un coup de fouet pour lui faire accepter son bonheur.