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L’antiaméricanisme, ce virus qui rend idiot

  • par Étienne Gernelle, pour Le Point - mars 2023
De Mélenchon à Le Pen, une névrose française, que dénonçait déjà Jean-François Revel, n’en finit pas de resurgir : l’obsession antiaméricaine.
 
C'est la bêtise qui résiste à tous les vaccins, renaissant sans cesse sous forme de nouveaux variants. On aurait pu penser que le refrain sur l'«impérialisme américain» menaçant le pauvre Poutine aurait disparu après les atrocités commises par les troupes du Kremlin et le constat, largement partagé, selon lequel sans Washington les chars russes seraient entrés à Kiev depuis longtemps. Le front lepénomélenchoniste, dont c'était la spécialité, a certes découvert l'usage de la sourdine sur ce point, mais croyez-vous qu'il ait changé d'avis ? Pas vraiment…
 
Jean-Luc Mélenchon a signé (avec le président argentin, Alberto Fernandez, et celui de la ColombieGustavo Petro) une tribune dans Le Monde le 10 février, laquelle pointe ces conséquences «néfastes» de la guerre : «Cela a permis aux États-Unis de raviver l'ancien rôle de l'Otan, de renforcer le soutien de l'Europe dans son différend hégémonique avec la Chine et de stimuler ses exportations de gaz et de pétrole […] Eurêka ! Le problème de la guerre en Ukraine, ce sont ces salauds de "profiteurs hégémoniques et climaticides américains"…
 
Marine Le Pen, elle, dans sa «Lettre aux Français» du 24 février, n'a rien trouvé de mieux que de blâmer les premiers soutiens de l'Ukraine, ces «voix d'un bellicisme irresponsable». Évidemment, le «bellicisme» dans cette affaire est à la Maison-Blanche…
Ce vieux marigot antiaméricain ne s'asséchera donc jamais. Natacha Polony, directrice de la rédaction de Marianne, a sauté dedans à pieds joints la semaine dernière. Dans un stupéfiant éditorial, dénonçant certes «l'autocrate assassin» Poutine et défendant l'intégrité de l'Ukraine, elle fustige les «zélés atlantistes»«l'impérialisme» de l'Amérique et l'activisme de la CIA. Elle ne renvoie pas tout à fait dos à dos Washington et Moscou, mais un peu quand même…
 
Pavlovien. Cette névrose française a même pris un tour comique après la soirée des César. L'éjection d'une militante écologiste radicale du plateau, où elle s'était invitée, a déclenché des indignations attendues. Une vingtaine de vedettes et personnalités du cinéma, mues par une soudaine culpabilité, se sont alors senties obligées de publier dans Le Monde une tribune pour parler du climat. Nous n'avions pas vraiment besoin d'elles pour savoir qu'il s'agit là d'un sujet existentiel, d'autant que l'autorité scientifique des signataires n'est pas renforcée par les positions antivaccins de certains d'entre eux, mais pourquoi pas… Sauf que, au passage, cette tribune nous gratifie d'un manifeste anticapitaliste empailleté, dénonçant le foyer du Mal : les États-Unis, pardi ! On y apprend donc qu'«au sortir de la Seconde Guerre mondiale les Américains ont remporté la bataille culturelle et répandu la débauche consumériste de l'American way of life en inondant le monde de films, de séries et de publicités.» Hollywood, responsable du réchauffement climatique ? Magnifique performance, d'abord : les mêmes avaient ovationné la veille Brad Pitt, l'invité surprise de la soirée… Superbe démonstration d'ignorance, ensuite : le modèle soviétique de sobriété énergétique est bien connu… Mais ce qui est frappant, dans cette jolie illustration du phénomène des «bourgeois mélenchonistes» que nous décrivions la semaine dernière dans ces pages, c'est l'accusation pavlovienne de l'Amérique.
 
Notre cher Jean-François Revel en riait déjà en 2002, dans L'Obsession anti-américaine (Plon)«Les Américains ne font que des erreurs, ne commettent que des crimes, ne profèrent que des sottises et sont coupables de tous les échecs, de toutes les injustices, de toutes les souffrances du reste de l'humanité.»
 
Bien entendu, combattre l'imbécillité antiaméricaine n'oblige nullement à devenir des ravis de la crèche. Ainsi, l' Inflation Reduction Act (IRA), le plan de relance si protectionniste de Joe Biden, menace clairement nos intérêts. Sauf que la réponse, sans aucun doute, ne peut être qu'européenne, avec des investissements et un marché intérieur qui seuls ont la taille critique. Or la plupart de nos antiaméricains, notamment ceux du front lepénomélenchoniste, n'en veulent pas, puisque l'Europe est leur autre «grand Satan». Quand on vous dit que l'antiaméricanisme rend idiot…�
 
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10/03/2023
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