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 Le grand retour du «parti de l’étranger»

  • par Franz-Olivier Giesbert, pour Le Point - février 2023 Republié par JALR
Il y a en France un détestable atavisme politique qui explique que les extrêmes, RN et LFI, se rassemblent dans la soumission à Vladimir Poutine.
 
Pourquoi y a-t-il tant de poutinolâtres en France ? Le discours présidentiel, défensif quand il n'est pas confus, explique sans doute, pour une part, cette «exception française». Sur ce dossier, c'est comme si Macron n'avait cessé d'accélérer et de reculer «en même temps».
«En aidant l'Ukraine, nous nous aidons nous-mêmes.» Voilà l'argument clé dont Macron devrait s'inspirer. Il est signé du député européen - de gauche - Raphaël Glucksmann. «Être réaliste, précise-t-il, c'est comprendre que la défaite de Poutine est essentielle pour la sécurité et la stabilité du continent européen.» Voilà ce qu'on peut dire de mieux en très peu de mots.
L'une des explications de la poutinolâtrie française est historique. Elle se trouve dans les racines des extrêmes - droite ou gauche - qui avaient en commun, avant et pendant la Seconde Guerre mondiale, le même pacifisme, le même tropisme autoritaire, le même culte viriliste du chef. Conscients que leur cause n'est pas majoritaire, il se gardent bien d'avancer trop expressément leurs opinions.
 
«Le langage politique est destiné à rendre vraisemblables les mensonges […] et à donner l'apparence de la solidité à ce qui n'est que vent», disait l'un des grands prophètes du dernier millénaire, George Orwell, auteur, entre autres, de 1984. Avec le mélencho-lepénisme, nous en avons des preuves tous les jours. Communiant dans le même antiaméricanisme, ils imputeraient, pour un peu, la guerre en Ukraine à l'Otan.
 
Les extrêmes n'ont peur de rienC'est à ça qu'on les reconnaît. À propos de l'Ukraine, le Rassemblement national et La France insoumise votent en douce, presque toujours comme un seul homme, pour Poutine, à l'Assemblée nationale comme au Parlement européen. Ils souhaitent sans le dire sa victoire. Ils font partie de ce que Chirac appelait jadis l«parti de l'étranger».
Une vieille tradition française que le RN et LFI ont gardé de leurs ancêtres «collabos», qui applaudissaient aux conquêtes du Führer. Le parallélisme est même saisissant. D'un côté, les enfants de Jacques Doriot, l'ancien internationaliste communiste, immigrationniste à tous crins, partisan de la désobéissance civile. De l'autre, ceux d'Yves Bouthillier, ministre des Finances du maréchal Pétain, qui vomissait le bellicisme et le parlementarisme. Les descendants se sont rangés sous la même bannière, celle du tsar de poche de Moscou.
 
LFI a une autre référence, aussi effrayante : la «révolution bolivarienne» qui, déclarait Jean-Luc Mélenchon, il y a dix ans, «a permis de régénérer à notre manière le corpus idéologique et pratique de notre courant révolutionnaire» (1). Bon sang, mais c'est bien sûr, tout s'éclaire ! Pardon d'évoquer un sujet tabou que les grands médias français répugnent à traiter, mais il jette une lumière crue sur les délires d'une partie de la gauche extrême française, de LFI en particulier. Je veux parler du Venezuela.
Simon Bolivar (1783-1830) est le Napoléon latino-américain, icône de son continent, qui mena la guerre d'indépendance contre les Espagnols en conquérant tour à tour son Venezuela natal, la Colombie, le Pérou, la Bolivie, etc. Quand, à la fin du XXe siècle, Hugo Chavez a fait main basse sur le Venezuela, il a revendiqué l'héritage de Bolivar en instaurant sa prétendue «révolution bolivarienne», sur fond d'étatisation, d'élections truquées et de contrôle des médias.
C'est l'histoire d'un conte de fées qui a mal tourné. Quand le Venezuela est devenu indépendant, toutes les fées étaient penchées sur son berceau. Le pays possède les premières réserves pétrolières du monde (17,7 %) et les huitièmes réserves de gaz (3 %). Il aurait dû avoir le destin de l'Arabie saoudite ou des Émirats arabes unis. Las ! La révolution bolivienne du petit colonel Chavez est passée par là, qui a tout dévasté.
 
Près de 7 millions de Vénézuéliens ont fui le malheur bolivarien, presque autant que d'Ukrainiens depuis le début de la guerre, c'est dire le niveau de la crise économique qui ravage le pays et qui n'a jamais fait les gros titres. Si le Venezuela s'est effondré avec une inflation annuelle - en baisse ! - de 234 %, ce n'est pas parce que les conditions d'exploitation du pétrole y sont plus compliquées ni à cause d'un prétendu complot néolibéral ; c'est à cause du mélange de dictature, d'incompétence, de bêtise et de prévarication qui prévaut à la tête de l'État.La personne la plus riche du Venezuela est la fille du dictateur défunt, Maria Gabriella Chavez, rupine dans un océan de misère. On dirait une blague de Coluche : «Les mélencho-bolivariens, on leur donnerait l'Arabie saoudite, cinq ans plus tard, il faudrait qu'ils achètent du pétrole ailleurs.»�
 
1. Interview au quotidien «L'Humanité», le 7 mars 2013.
Peut être un gros plan de 1 personne
 


01/03/2023
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