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Le bonheur feutré des sénateurs

 

 

Il est devenu ce mardi le retraité le plus médiatique du pays.Bien au-delà de l’éventuel futur âge légal de départ que le gouvernement envisage de hisser à 64 ans. Noël Le Graët n’a pas résisté aux fortes poussées dorsales qui l’ont propulsé vers la sortie de la Fédération française de football. Hasard du calendrier, c’est ce même mardi que le Sénat, dont les langues vipérines susurrent que le président banni cumule assez d’années pour y siéger, s’attaque à la réforme des retraites avec la ferme intention de ne glisser aucun cadeau dans les chaussons d’Emmanuel Macron, qui passait la journée en Charente.

Au palais du Luxembourg, on affiche un bonheur feutré. Ce projet de loi est l’occasion idéale de se distinguer de ces députés
bruyants, incapables d’aller jusqu’au point final du texte. Avec les sénateurs, la procédure parlementaire va ressembler aux allées
du jardin jouxtant l’ancienne résidence de Marie de Médicis. Propre et bien ratissée, alors que l’Assemblée nationale a pris l’aspect d’une jungle d’amendements trop longs à tailler pour pouvoir progresser.
Chaque rive de l’hémicycle a ses raisons de jubiler. Chez les Républicains,le Vendéen Bruno Retailleau veut montrer que le Lotois
Aurélien Pradié – qu’il déteste et réciproquement – n’est qu’un député brouillon, plus intéressé à faire briller son miroir qu’à enrichir la copie d’Élisabeth Borne et Olivier Dussopt.

La droite sénatoriale souhaite sincèrement reporter à 64 ans le seuil de sortie professionnelle et prendre la main sur un projet dont le gouvernement ne cesse de répéter qu’il peut être amélioré, comme s’il découvrait au fil des jours qu’il était mal ficelé dès son ébauche. Les macronistes ne peuvent se priver du double soutien du Sénat et du parti de droite, ils sont donc condamnés à sourire tandis que leurs adversaires leur tapent sur les doigts.

À gauche aussi, on soupire. Que la Nupes est paisible sans les Insoumis, absents du Sénat faute d’implantation locale ! Un
point commun qu’ils partagent avec le camp Renaissance, faiblement représenté. Les élus socialistes, communistes et écologistes
ne sont pas moins hostiles à la réforme que leurs collègues du palais Bourbon, mais ils veulent prouver qu’on s’y oppose par
le vote, non par l’obstruction.


Un dernier match se dispute au sommet. Entre le numéro 1 et le numéro 2 de la République, Emmanuel Macron et Gérard Larcher.
Le chef d’État disruptif et pressé face au maître du Sénat au pas de notable et à la patience matoise. Fin gourmet, il est prêt à
manger froid son plat pour instruire l’hôte de l’Élysée sur l’art de conduire le changement.
Bien sûr, la rue résonne toujours du refus de la réforme. Dans les ors et le velours du Sénat, on entend moins le tumulte. Mais
on va se faire écouter.

 

       Benoît Lasserre édito Sud-Ouest



01/03/2023
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