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Au sud, la Russie n’est pas seule

 

En envahissant l’Ukraine il y a un an, la Russie a foulé aux
pieds la souveraineté d’un autre État. Et montré le peu de
cas qu’elle faisait d’un ordre international qu’elle devait
être une des premières à défendre en qualité de membre permanent
du Conseil de sécurité des Nations Unies. Pourtant,
ô surprise, ce viol caractérisé du principe d’intangibilité des
frontières n’a pas soulevé partout la même indignation que
dans les démocraties d’Occident, d’Asie et d’ailleurs.


Que la Russie ait trouvé en Chine , en Iran, en Corée du Nord

ou au Venezuela une forme d’approbation
n’est pas étonnant puisque ces pays considèrent la Russie,
quoi qu’elle fasse, comme leur allié dans leur croisade pour un
« nouvel ordre mondial » débarrassé de la prééminence occidentale,
oubliant au passage que les équilibres du monde
d’après 1945 ont aussi été formatés par la puissance des droits de
veto de Pékin et de Moscou.


Mais on constate depuis un an que toute une partie du monde –
en gros le « Sud global » incluant aussi bien une partie de l’Afrique
et du Maghreb que l’Inde, le Brésil ou les pays du Golfe – trouve des
excuses à Vladimir Poutine. Non seulement ils se refusent à dénoncer
l’agression, mais aussi à appliquer les sanctions. Mieux, ils continuent
de commercer avec Moscou et à importer ses hydrocarbures,
contribuant à la résilience de l’économie de la Russie et la poursuite
de son effort de guerre.


Vue de Dakar, de Delhi ou de São Paulo, la guerre d’Ukraine n’a pas
le même retentissement qu’à Washington
ou Varsovie. Le réveil du conflit Est-Ouest entre nations
de l’hémisphère nord est pour ces pays un événement
parmi d’autres tout aussi cruciaux : changement climatique,
fléaux des épidémies, pauvreté, mais aussi la nécessité de se positionner
sur la rivalité entre la Chine et les États-Unis.


Plus gênant pour les Occidentaux est le reproche qui leur est
fait de pratiquer le « deux poids, deux mesures » : condamnation
de la Russie mais oubli de l’impérialisme américain ou européen
pratiqué au nom de la lutte antiterroriste en Irak, en Afghanistan
ou au Sahel. L’équivalence avec l’agression russe a
beau être discutable, elle permet de remettre à sa place un Occident
que son affaiblissement relatif rend plus vulnérable à la
critique.


Poutine a beau avoir les mains pleines de sang et mener lui même
une guerre coloniale, il garde des alliés objectifs au nom
de l’anticolonialisme. Et il bénéficie de la Sainte-Alliance des autocraties
sans respect, quoi qu’elles en disent, pour le droit des
peuples – les autres, le leur – à disposer d’eux-mêmes. Ce soutien
tacite ou explicite à la Russie fait que cette guerre risque
d’être encore longue.

                           Christophe LUCET édito Sud-Ouest



21/02/2023
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