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«Les Insoumis mettraient-ils la Terreur à l’ordre du jour s’ils le pouvaient?»
  • par Thierry Lentz, pour Le Figaro - février 2023 Republié par Jacques Antoine Louis Rossi
Les Insoumis aiment se comparer aux Jacobins. Pour l’historien, qui rappelle les massacres et les exécutions liés à la Terreur, ces derniers, par leur vulgarité, leurs invectives et leurs menaces, figurent en réalité davantage ceux qu’on appelait les «exagérés» ou «hébertistes» pendant la Révolution.
 
De Sandrine Rousseau (Nupes) à Jean-Luc Mélenchon, en passant par Alexis Corbière, François Ruffin, Raquel Garrido ou l’impayable Louis Boyard, les Insoumis et leurs inféodés socialistes aiment à croire qu’ils sont la moderne réincarnation des Jacobins des années chaudes de la Révolution française. Ils se travestissent volontiers en Robespierre, Saint-Just ou Couthon (membre du gouvernement révolutionnaire qui est un des héros de l’ouvrage Jacobins! de M. Corbière) et actualisent - du moins le pensent-ils - leurs promesses d’un homme nouveau. On serait portés à en sourire si nos médias et, hélas, bien des citoyens, ne prenaient pour des lanternes robespierristes ce qui ne sont que des vessies populistes, reprise brouillonne d’interprétations de la Terreur par la gauche, de la doxa marxiste-léniniste et d’un nuage du trotskisme de leur jeunesse. Plus ils «déparlent», plus on les écoute.
L’un veut supprimer (comment?) les milliardaires, l’autre aime que l’on veuille «décapiter Macron comme on l’a fait pour Louis XVI», un troisième joue au football avec l’effigie de la tête de M. Dussopt (ce qui, avouons-le ressemble plus aux pratiques de Daech qu’à celles des jacobins), un autre encore voit dans une manifestation contre les retraites une nouvelle «marche des femmes» d’octobre 1789. Tous estiment que leur parti est le seul à représenter le peuple. Et ce peuple n’a raison que parce qu’eux seuls savent interpréter ses désirs et, le jour venu, sauront les mettre en action. Détenant la vérité et la vertu, même lorsqu’ils réservent une standing ovation à M. Quatennens, ils rejettent hors du débat, et peut-être demain hors de l’humanité nouvelle, ceux qui ne pensent pas comme eux. Ils estiment, comme leurs devanciers, qu’il ne faut «pas de liberté pour les ennemis de la liberté», dans la presse, l’audiovisuel et même désormais le cinéma. Mettraient-ils la Terreur à l’ordre du jour s’ils le pouvaient? On n’est pas si sûr que la réponse soit négative lorsqu’on entend les propos glaçants de Mme Rousseau, les harangues singulières de M. Mélenchon ou les désolantes saillies de M. Boyard.
«Ne nous y trompons pas, avec ces slogans et cette grossière synthèse de ce que fut le jacobinisme pluriel, nos Robespierre au petit pied croient vraiment qu’ils sont sur le vrai chemin. Pendant ce temps, nous les laissons faire, sans réagir ni les combattre comme ils le mériteraient, implacablement.» Thierry Lentz
Loin d’être les robespierristes qu’ils croient, nos Nupistes figurent en réalité ceux qu’on appelait les «exagérés» ou «hébertistes» pendant la Révolution. Leur leader, Jacques-René Hébert, était un pamphlétaire débraillé et vulgaire (mais là n’est pas toujours le point commun), patron notamment du journal Le Père Duchesne. Sa feuille, qu’il rédigeait dans la fièvre de ses frustrations, se disait elle-même «bougrement en colère», ce qui explique sans doute que le mot «foutre!» ponctuait quasiment tous les paragraphes. Chaque adversaire avait droit à sa bordée quotidienne d’insultes ; chaque catégorie jugée modérée se voyait promettre «la cravate (au bourreau) Sanson» ; la moindre tiédeur était une preuve d’incivisme. Aucun programme, pas de projets concrets, rien que de l’exaspération, des invectives et des menaces autour de la certitude autoproclamée de parler au nom du peuple. Avant d’être lui-même conduit à la guillotine sur ordre de Robespierre et ses amis, Hébert avait tout de même contribué à aveugler l’opinion et à donner à la Révolution ce tour absurde et cruel qui conduisit à la Terreur, ses 16.000 exécutions, ses massacres sans nom (pas seulement en Vendée) et la perversion des idées les plus généreuses.
Ne nous y trompons pas, avec ces slogans et cette grossière synthèse de ce que fut le jacobinisme pluriel, nos Robespierre au petit pied croient vraiment qu’ils sont sur le vrai chemin. Pendant ce temps, nous les laissons faire, sans réagir ni les combattre comme ils le mériteraient, implacablement. Les modérés, les libéraux et même leurs alliés de gauche somnolent, les laissent aligner leurs billevesées. Ils se disent sans doute que, vraiment, personne ne peut y croire. Que, tôt ou tard, la raison reprendra le dessus, en même temps que les réalités s’imposeront. Inutile donc de combattre de telles sornettes: le système représentatif, la Constitution, l’action publique (même contestée) auront toujours plus de noblesse et l’oreille du peuple que les excitations de tribunes et de places du marché. Qu’ils relisent Montesquieu: «L’oppression commence toujours par le sommeil.»�
Illustration :
  • Thierry Lentz. Clairefond -
  • Retraites: débats suspendus à l’Assemblée, le député LFI Thomas Portes exclu pour 15 jours. -  L'examen de la réforme des retraites a été interrompu ce vendredi après le refus de l'Insoumis de s'excuser pour un tweet contre le ministre du Travail Olivier Dussopt.

 

 
 
 
 
 
 
 
 


21/02/2023
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