2193- Le Kiosque à journaux 16 posts

 

Une gifle qui
afflige la gauche

 

 

 

Si elle n’avait pas de répercussions politiques, si elle n’était
qu’une banale séparation conjugale comme la vivent des
milliers de compatriotes chaque année, l’affaire Quatennens
ne mériterait aucune ligne dans un journal et imposerait
qu’on laisse tranquille un couple en crise. Sauf que, depuis les
législatives de 2017, Adrien Quatennens n’est plus un citoyen anonyme.
Brillant orateur et redoutable débatteur, loin des postures
agressives que peuvent adopter d’autres porte-flingue de Jean-
Luc Mélenchon, il est sans doute, à 32 ans, l’héritier préféré du
chef des Insoumis qui l’a promu numéro 2 officieux du mouvement.


Un poste qu’il a décidé de quitter après avoir reconnu, et regretté
profondément, une gifle, assénée à son épouse, il y a un an,
« dans un contexte d’extrême tension ». Céline Quatennens avait
d’ailleurs déposé une main courante dont elle ne souhaitait pas
qu’elle fût rendue publique maisqui a été révélée par « Le canard enchaîné».


La situation est embarrassante pour les Insoumis. D’abord parce
qu’elle les prive de l’éloquence acérée du député nordiste mais,
après tout, nul n’est irremplaçable et, comme l’avait déclaré un autre
Lillois célèbre, le général de Gaulle : « Rassurez-vous, je finirai
bien par mourir un jour. » Ensuite, parce qu’en affirmant qu’il ne veut
pas « faire le dos rond et attendre que la tempête passe », Adrien
Quatennens remet le projecteur sur un autre Insoumis, Éric Coquerel,
visé plus gravement, et présumé innocent, par une enquête
pour agression et harcèlement sexuels, qui refuse de céder sa
présidence de la commission des finances à l’Assemblée nationale.


Gênante aussi parce qu’Adrien Quatennens considère son attitude
comme suffisamment grave pour justifier sa démission de
coordonnateur de LFI, mais pas assez pour renoncer à son mandat
de député, même s’il s’astreint au silence dans l’hémicycle.
Dérangeante surtout pour Jean-Luc Mélenchon qui, comme
avec Éric Coquerel, fait passer l’intérêt de son parti et de ses lieutenants
avant la cause des femmes dont il se prétend l’avocat. S’il
n’a pas minimisé la gifle reçue par Céline Quatennens, l’ex-candidat
à la présidentielle s’en est pris « à la malveillance policière et
au voyeurisme médiatique » avant de témoigner sa confiance et
son affection au parlementaire du Nord autour duquel les Insoumis
font cercle. On a du mal à croire à la même indulgence si la
main gifleuse appartenait à un élu macroniste, LR ou lepéniste.


Sa solidarité passe d’ailleurs mal chez ses alliés de la Nupes,
notamment écologistes. Et c’est lui, à la place du communiste
Fabien Roussel, qui se retrouve désormais sur le gril. Comme il a
le cuir épais, la brûlure devrait être moins douloureuse pour lui
que pour Adrien Quatennens.

 

 

Benoît Lasserre édito Sud-Ouest



19/09/2022
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