2185- Revue de presse du blog 21 posts



ÉDITORIAL SUD-OUEST
France-Maroc,
au-delà du foot

 

 

Chacun le sent, ce France-Maroc est davantage qu’un

match de football, tant les rapports sont étroits entre
les deux pays. Cela fait son intérêt, et son risque aussi,
si des enjeux extra-sportifs prenaient le pas sur le jeu et
empêchaient cette demi-finale de Coupe du monde d’être
aussi, au sens propre, un match amical.


Soyons confiants, amical, il devrait le rester. Car nulle animosité
discernable ne sépare les peuples marocain et français,
et encore moins leurs footballeurs dont beaucoup évoluent
dans les mêmes clubs et partagent la même langue.
Avec plus de 700 000 personnes, la diaspora marocaine
dans l’Hexagone est un lien aussi puissant que l’algérienne.
Et elle n’a pas, pour des raisons historiques, la même sensibilité
exacerbée vis-à-vis de ce que représente la France.
En sens inverse, le Maroc est devenu, pour des dizaines de
milliers de Français, une terre d’adoption pour ne pas dire
une seconde patrie. Humaine, éducative, économique, linguistique,
culturelle, sécuritaire, militaire, la relation franco-
marocaine est d’une telle densité que la brouille diplomatique
actuelle entre Paris et le royaume chérifien devrait
pouvoir être surmontée. Et si une belle demi-finale, où le
meilleur gagne, pouvait y contribuer, l’histoire serait encore
plus belle.


Mais si le match de Doha est lourd de symboles, c’est aussi
parce que le Maroc, en accédant au dernier carré mondial
du football, affirme son statut de puissance émergente. Le
monde arabe se reconnaît dans la réussite des Lions de l’Atlas,
capables de « faire la nique » aux vieilles puissances du
sport et de la géopolitique. L’Afrique, où Rabat pousse ses
pions au point de concurrencer la France dans son ancien
pré carré subsaharien, applaudit, elle aussi, ces Maghrébins
qui reprennent le flambeau continental lâché par ses autres
équipes.


En battant l’Espagne, le Maroc a pu, de façon subliminale,
souligner qu’il avait obtenu récemment de l’ancien colonisateur
du Sahara occidental un relatif alignement sur les
revendications marocaines autour de cette région disputée.
Et si les Lions battaient les Bleus, la victoire ressemblerait
à un message de la capacité nouvelle de leur pays à
parler d’égal à égal avec l’État dont elle fut un protectorat
jusqu’en 1956.


Le football est-il, comme la diplomatie, la poursuite de la
guerre par d’autres moyens ? Ce serait le cas si des actes
violents venaient ternir la fête qui se prépare. Parions plutôt
que cette affiche France-Maroc, exceptionnelle, rappellera
que ce sport, qui passionne les cinq continents, est un
vrai terrain pour la concorde et la fraternité.

 

                                 Christophe Lucet



14/12/2022
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