2180- La Revue de presse du blog 9 posts

 

 

 

 

 

 

Par Nicolas Barré, directeur de la rédaction

 

Mes Echos de la semaine

 

 

 

 

 

 

 

 

Rassurons tout de suite, ces lignes n’ont pas été écrites par ChatGPT, ce robot dont Leïla Marchand nous dit tout, capable de rédiger des lettres, des poèmes ou même des bouts de code informatique. Pour avoir le cœur net sur ses capacités, Marina Alcaraz l’a testé dans la rédaction en lui commandant des articles. Le résultat est bluffant, même si ce stagiaire a commis quelques erreurs grossières, oubliant par exemple qu’Elisabeth Borne n’était plus ministre de l’Environnement mais Première ministre… Joséphine Boone raconte l’histoire du laboratoire OpenAI fondé par Elon Musk et l’homme d’affaires Sam Altman, lequel a mis au point ChatGPT. Il y a deux ans déjà, ce robot stupéfiait nos confrères du Guardian qui lui avaient commandé une tribune brillamment écrite. Depuis, ChatGPT a encore fait de tels progrès d’écriture qu’il inquiète, c’est un comble, Alphabet, la maison mère de Google dont le cours de Bourse a chuté toute la semaine pour cette raison!

 

Ce n’est pas rassurant: l’avenir de ce monde d’informatique se dessine loin de chez nous, en Californie ou encore à Taïwan, empire mondial des puces dont notre envoyée spéciale Lucie Robequain dévoile les secrets, l’avance technologique de l’île en la matière faisant office d’assurance-vie face à un autre empire, celui de Xi Jinping. L’avenir? C’est pour préserver le nôtre que Guillaume Faury, patron d’Airbus, a lancé un cri d’alarme, de retour de Washington avec Emmanuel Macron, afin que l’Europe réponde aux aides américaines massives en faveur des énergies vertes.

 

Sans quoi nous serons spectateurs du match de géants américains, comme Amazon et Space X qui rivalisent dans les constellations de satellites pour distribuer Internet, explique Anne Bauer. Dans une interview rare, le patron de cette activité chez Amazon explique sa vision du ciel de demain. Soyons honnêtes, l’Europe existe dans cette course avec OneWeb (en voie de fusionner avec Eutelsat) et mPower, mais la question reste de savoir si ces constellations seront un jour rentables. En Iran comme en Ukraine, leur caractère stratégique avec Starlink (SpaceX) a en tout cas été démontré.

 

L’avenir, c’est à l’évidence beaucoup de dettes. Avec toutes les mesures prises pour financer des «boucliers tarifaires», les Etats européens vont devoir augmenter de 5 % leurs levées de fonds l’an prochain à un coût plus élevé, explique Guillaume Benoit. A elle seule, la France va s’endetter de 270 milliards d’euros, un record absolu qui représente le quart des émissions totales de la zone euro! Cette dette, c’est un nœud coulant qui risque de finir par nous étrangler, prêche notre éditorialiste Alexandre Counis. Mais qui l’entend? Cette dette est toutefois bien pratique. Elle a permis à l’Etat (i.e. les générations futures) d’assumer la moitié du choc économique (évalué à 85 milliards par le Trésor) de la hausse des prix de l’énergie, rapporte Nathalie Silbert.

 

A ceux qui rétorquent qu’il suffirait d’augmenter les impôts pour financer tout ça, une note de Fipeco dévoilée par Isabelle Couet éclaire le débat: les entreprises françaises, même une fois déduites les aides qu’elles reçoivent, sont les plus imposées d’Europe après les Suédoises. Avec la hausse des prix de l’électricité qui se profile au 1er janvier, nos entreprises vont encaisser un nouveau choc qui va les obliger à augmenter leurs prix, prendre leurs pertes ou en appeler à l’Etat, analyse Jean-Marc Vittori.

L’Etat étant sans le sou et les besoins ce qu’ils sont, il n’y a pas de miracle: il va falloir travailler plus. Après un dîner de la majorité à l’Elysée que nous raconte Isabelle Ficek, Emmanuel Macron a décidé d’engager la bataille des retraites en fixant le report de l’âge de départ à 65 ans. Cela pourra bouger, notamment si Laurent Berger bouge, note Cécile Cornudet. Et Emmanuel Macron le souhaite ardemment car après les retraites, il envisagerait d’autres réformes, ajoute notre éditorialiste politique.

 

Parmi ces réformes, il y a celle de l’immigration qui intéresse les entreprises confrontées aux pénuries de main d’oeuvre et qui demandent des procédures administratives plus simples pour régulariser ceux qui travaillent parfois depuis longtemps sans papiers, explique Leïla de Comarmond. Mais c’est un sujet sur lequel le président avance en équilibriste entre la droite et sa majorité, décrypte Grégoire Poussielgue. Pour prendre de la distance, nous avons fait un tour d’Europe qui révèle des situations très contrastées sur la gestion de cette immigration de travail. Notre éditorialiste Jean-Francis Pécresse montre aussi les bonnes raisons économiques pour lesquelles nous aurions intérêt à dépassionner le débat.

 

Après quelques jours de froid sibérien, c’est la pénurie d’énergie qui inquiète évidemment le plus. Fabienne Schmitt, correspondante à Bruxelles, et Vincent Collen expliquent ce que signifie réellement l’embargo sur le pétrole russe, une première, entré en vigueur cette semaine. Les conséquences seront progressives et limitées, en tout cas pour le moment, rassure notre spécialiste Nicolas Rauline. Mais à terme, ce sont surtout les pénuries de gaz qui menacent l’Europe selon une étude menée pour le ministère des Armées.

 

Dans l’immédiat, les entreprises scrutent avec inquiétude les risques de délestage qu’elles n’ont pas l’habitude de gérer, souligne Sharon Wajsbrot. Dans un article passionnant, notre correspondant en Bretagne raconte l’enfer que représenteraient les coupures de courant pour le groupe Even, plus connu pour ses marques Paysan Breton et Madame Loïk. Angoisse aussi pour les pharmacies et les laboratoires, ajoute Myriam Chauvot. Ou encore pour les producteurs de jambon et de saucisson interrogés par Dominique Chapuis. Ce qui n’arrange pas les affaires d’une filière porcine par ailleurs fragilisée par le manque de main d’oeuvre ou la concurrence chinoise, explique Marie-Josée Cougard.

 

Bonne nouvelle, la réponse aux pénuries d’énergie est en marche. Selon les dernières prévisions de l’Agence internationale de l’énergie (AIE), le renouvelable connaît une accélération formidable et dépassera le charbon à l’échelle planétaire dès 2025. L’engouement est tel dans le solaire, par exemple, que faute de terres disponibles, les énergéticiens courtisent les agriculteurs pour installer des panneaux au milieu des brebis, racontent Sharon Wajsbrot et Marine Bourrier dans un reportage captivant.

L’essor des énergies alternatives ne va toutefois pas toujours tout seul. Nicolas Rauline souligne que le développement de la filière hydrogène française (460 entreprises) se heurte à des freins administratifs. Et quel contraste avec l’Espagne qui fait tout pour devenir le leader européen en la matière, rapporte notre correspondante à Madrid Cécile Thibaud.

 

Le malheur dès que l’on parle de risque de pénurie, c’est que l’on perd vite la raison, surtout si certains experts autoproclamés ou les chaînes d’info en continu attisent les inquiétudes, déplore notre éditorialiste Cécile Cornudet. Quant au virage vers le renouvelable, il se heurte aussi à des résistances parfois idéologiques. Aux Etats-Unis, explique Caroline Mignon, la Floride a rejoint une longue liste d’états républicains qui se sont désengagés de BlackRock, le premier gestionnaire d’actifs mondial, en raison de ses positions « pro-climat » (pourtant modérées). Quant à Vanguard, le numéro 2 du secteur avec 7.000 milliards d’actifs sous gestion, il a décidé de quitter l’Alliance pour le climat sous la pression.

On peut donc se demander si le secteur financier, qui s’est engagé fortement sur le dossier de la biodiversité à l’occasion de la COP15 de Montréal, comme en témoigne Marion Heilmann, va tenir cette ligne sur la durée. L’enjeu de ce sommet est pourtant fondamental pour la préservation du vivant sur la planète, explique Muryel Jacque. Et comme pour le climat, il va falloir beaucoup d’argent pour préserver notre patrimoine naturel.

 

Le climat parisien ne déplaît pas aux géants américains de la finance. Tirant les conséquences du Brexit, Bank of America a fait de Paris son «trading floor» pour toute l’Europe, signale Anne Drif, en installant ses traders -cela parlera aux Parisiens- dans l’ancien bureau central des PTT, le temple des postiers de la rue La Boétie (11.000 mètres carrés). D’une manière générale, toutes les grandes banques de Wall Street se renforcent sur le continent. La finance parisienne a vu cette semaine éclore une nouvelle «licorne», Younited, spécialiste du crédit à la consommation, la 28e start-up française valorisée plus d’un milliard d’euros, révèlent Charlie Perreau et Marion Heilmann.

 

Avec cela, on en oublierait (presque) le Mondial… Notre spécialiste en géopolitique Dominique Moïsi, par ailleurs mordu de football, tire avec brio les premières leçons politiques de cette compétition. Fascinant d’enseignements. Et notre éditorialiste David Barroux, encore plus mordu, voit dans le sport «un nouvel âge d’or», une industrie d’avenir justifiant les sommes faramineuses qui y sont englouties. Allez les Bleus!

 



10/12/2022
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