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LE REGARD DU JOUR

LFI, un festival de fake news

La présidente du groupe Insoumis à l'Assemblée, Mathilde Panot, a multiplié les contre-vérités et exagérations dans une interview de rentrée. Une tactique éprouvée mais désastreuse pour la qualité du débat public.

Dominique Seux
Dominique Seux

Par Dominique Seux

Publié le 25 août 2022 à 18:08
 

Ceux qui s'expriment souvent en public ne sont jamais à l'abri d'une erreur ou d'une relative méconnaissance d'un sujet, les responsables politiques comme les journalistes, les experts comme les artistes, les écrivains ou les chefs d'entreprise. On ne peut pas toujours tout savoir tout le temps ! Mais l'interview, ce jeudi matin, de la députée LFI Mathilde Panot (sur France Inter) mérite tout de même d'être épinglée.

 

La cheffe du groupe Insoumis à l'Assemblée nationale, en 20 minutes d'antenne chrono, a tellement multiplié les approximations (pour utiliser un terme aimable), que cela mérite d'être signalé. Des millions d'auditeurs l'ont entendu asséner, avec une assurance que l'on retrouve à l'autre extrême du champ politique, dans les rangs du RN, un nombre certain de contre-vérités purement factuelles. Florilège non exhaustif.

 

1- « A la rentrée, tout le monde va voir son salaire diminuer de 7% et çà va pouvoir encore augmenter ». Passons sur le fait que les salaires de l'ensemble des fonctionnaires ont augmenté de 3,5% le 1er juillet (le point d'indice). Mais dans les entreprises aussi, ils ont grimpé en moyenne de 3% depuis un an, indique le ministère du Travail (le salaire de base) tandis que la Banque de France prévoit une hausse de 5% cette année.

 

- « Je n'ai aucune confiance dans un gouvernement condamné deux fois pour inaction climatique ». On peut juger qu'Emmanuel Macron n'est pas allé assez loin sur l'environnement lors de son premier quinquennat. Mais la vérité est que le Conseil d'Etat (Commune de Grande-Synthe) et le Tribunal administratif de Paris (« Affaire du Siècle ») ont critiqué l'action de l'Etat sur la période 2015-2018 … plutôt donc le quinquennat Hollande.

 

3 - « 40% des Français ont dû renoncer à prendre des vacances cet été faute de moyens ». C'est effectivement la proportion habituelle, depuis longtemps, de ceux qui ne partent pas en vacances. Et c'est effectivement beaucoup. Mais tandis qu'une étude du Crédoc a détaillé que 61% de non-partants le font pour des raisons financières, l'Insee indique plus récemment que cette part ne serait « que » de 39% … La santé, l'âge, les obligations professionnelles etc. jouent tout autant.

 

4 - « Où est l'abondance pour les 8 millions de personnes qui ont besoin de l'aide alimentaire ? ». Faux. L'Insee, en juin, a indiqué que le total des bénéficiaires des dispositifs d'aide alimentaire recensés par les associations est de 5,6 millions. Après un travail de recoupement (des personnes ont recours à plusieurs guichets),

 l'institut statistique évalue entre 2 et 4 millions leur nombre réel. C'est bien sûr beaucoup trop.

 

5 - « Où est l'abondance pour les 10 millions de personnes qui vivent sous le seuil de pauvreté ? »Là, le chiffre n'est pas faux , mais on oublie souvent ce qu'il représente . Le seuil de pauvreté n'est pas un indicateur absolu (ce qu'il faut pour pouvoir se nourrir, se vêtir, se loger …) ; c'est un indicateur relatif, fixé à 60% du revenu médian (celui qui partage la population en deux), soit en 1.102 euros mensuels pour une personne seule (en 2019).

Par définition, c'est seulement dans les pays où tout le monde percevrait le même revenu qu'il n'y aurait personne sous le seuil de pauvreté. Par ailleurs, ce seuil conventionnel a longtemps été fixé à 50% du revenu médian (5,2 millions de personnes aujourd'hui). La Suisse, pays très riche, évalue à 13,9% la proportion de sa population « pauvre » , à peu près comme la France, mais avec des critères « absolus ».

Il ne s'agit naturellement pas de relativiser la pauvreté en France, qui a d'ailleurs progressé avec l'augmentation du nombre de familles monoparentales puis dans les périodes de chômage élevé. Mais la plupart des spécialistes considèrent qu'inclure dans cette définition statistique une part trop élevée de la population conduit à ne pas concentrer les efforts des politiques publiques sur les personnes les plus vulnérables.

 

6 - « La France est le seul pays à refuser de taxer les profiteurs de crise ». On laisse à Mathilde Panot le choix du mot de « profiteur de crise » quand elle parle des énergéticiens, mais il est exact que plusieurs grands pays européens ont décidé de surtaxes exceptionnelles sur les bénéfices des compagnies pétrolières, de gaz ou d'électricité : le Royaume-Uni l'a voté, l'Espagne et l'Italie l'ont annoncé et l'Allemagne y réfléchit.

 

Pour finir, notons ce qui n'est certainement pas un lapsus dans la bouche de la députée Insoumise : « Ceux et celles qui vivent au-dessus des moyens de notre espèce, ce sont d'abord les riches, et il faut d'abord arrêter de produire des riches » … !

Dominique Seux



25/08/2022
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