2173- Après le nucléaire ,encore une bêtise des écolos 6 posts

Le maïs fait aussi tomber la pluie

 

Sylvie Brunel  Sud-Ouest Dimanche


L’Amazonie n’est plus, hélas, le poumon de la planète: forêt vieillissante,
née du recru végétal après la disparition de civilisations victimes
du choc microbien et des conquêtes conquistadores,
elle émet plus de gaz à effet de serre qu’elle n’en stocke. Les
brûlis de fin de saison sèche, qui ouvrent le calendrier agricole,
et la déforestation massive en ont déjà savanisé près
du quart. Revenu au pouvoir, Lula s’est engagé à la protéger.
Il doit y arriver, car l’avenir du Brésil en dépend : c’est grâce à
l’humidité piégée et renvoyée par ses milliards d’arbres, ce
qu’on appelle les fleuves volants, que l’Amazonie permet
les pluies sur tout le sud du continent.


L’eau qui tombe du ciel nous vient pour 30 % des océans, et
pour 70 % de l’évapotranspiration des plantes. Ce qui pousse
crée de l’humidité. Comprendre les fonctionnalités des écosystèmes
et les secrets de la vie des sols est essentiel pour préserver
le climat. Fondateur de Gaïago, start-up présente à Végétaelis,
premier salon de l’innovation végétale et de la transition agroécologique,
qui s’est tenu à Pau les 24 et 25 novembre, Francis Bucaille, agronome,
vient d’y consacrer un livre, « Revitaliser les sols, diagnostic,

fertilisation, protection » (Éditions Dunod), préfacé par le professeur

Marc-André Sélosse, une sommité en la matière.*


Prônant une approche holistique des sols et de l’agriculture,
Francis Bucaille analyse l’importance des microorganismes
pour la fertilité. Et il réhabilite le maïs, devenu pourtant
le bouc émissaire de nos peurs. Cette plante, dite en C4,
possède non seulement une capacité record de stockage du
carbone, mais un champ de maïs évapotranspire autant
qu’une forêt. Comme l’Amazonie, le maïs fait tomber la
pluie ! Il pleut ainsi plus au-dessus de la Corn Belt américaine,
grande zone de production intensive du maïs, qu’autour.


Nous l’accusons de consommer trop d’eau, alors qu’il en
fait au contraire le meilleur usage, fournissant une quantité
inégalable de biomasse, totalement substituable aux carburants
fossiles dans la chimie verte et l’énergie, mais aussi
des microbiotes essentiels au sol, y compris en monoculture
: dans le Sud-Ouest, certaines parcelles en portent depuis
un demi-siècle ! En période de canicule, la densité de
son feuillage maintient le sol à 25°, au lieu de 45° pour un sol
nu. Sa prolificité et ses aptitudes en font ainsi une grande alliée
du climat et de l’écologie : très peu traités, ses champs accueillent
une intense vie végétale et animale. Y compris indésirable,
comme ces corvidés, cervidés, sangliers qui font des ravages…


Ami des grues cendrées et des grenouilles, le maïs est aussi
et surtout celui des humains : assurance anti-famine
des pauvres, avec ses rendements inégalés, il peut même
se consommer vert en période de soudure. Le maïs doux est
d’ailleurs devenu en France un de nos légumes préférés. Céréale
la plus échangée sur les marchés mondiaux avec le blé,
la céréale des pauvres est aussi celle des riches : grâce à lui,
puisque le maïs nourrit les bêtes qui nourrissent les hommes,
les classes moyennes ont accès aux produits laitiers et à
ces précieuses protéines animales qui manquent tant aux
plus fragiles. L’essentiel des navires partis de la mer Noire cet
été en acheminait, y compris vers l’Europe, première importatrice
mondiale.


À Pau, la semaine dernière, c’était aussi le Congrès du maïs.
700 producteurs réunis, devant lesquels François Bayrou,

rappelant ses racines paysannes, son amour de la
terre, a fait l’apologie du grain doré qui fonde la gastronomie
du Sud-Ouest. Bucaille et Bayrou ont ainsi mis du baume au
coeur de ces maïsiculteurs qui prennent de plein fouet les attaques
sociétales et l’explosion de leurs charges. Aujourd’hui,
la flambée du prix du gaz et de l’électricité menace la pérennité
de la filière semences, pourtant stratégique : la France en
est la première exportatrice mondiale.


Alors que les Français se serrent de plus en plus la ceinture,
il faut donc défendre la plante que les Mayas avaient déifiée.
Maya signifie d’ailleurs peuple du maïs. Toutes ces grandes entreprises
qui verdissent aujourd’hui leur image par un nouveau
culte du lombric devraient lire « Revitaliser les
sols ». Et les adeptes du Shinrinyoku ou bain de forêt – vous savez,
ceux qui font des câlins aux arbres pour se ressourcer –,
s’immerger au sein des épis pour sentir vibrer la Terre nourricière.
La prochaine fois que vous verrez du maïs pousser, remerciez-le

de sa générosité.



04/12/2022
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