2168- Faits divers: ça se gâte dans les quartiers 3 posts

 Tags, nuisances, déchets, trafics : l'enfer des habitants de la Croix-de-Fer à Cahors


  • Croix- de-Fer : le quartier est calme en apparence. Des habitants n'osent plus mettre le nez dehors.
    Croix- de-Fer : le quartier est calme en apparence. Des habitants n'osent plus mettre le nez dehors. Photo - J.-L.G
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l'essentiel

La peur s'est installée dans le quartier de la Croix-de-Fer à Cahors où des habitants n'osent même plus sortir leur animal de compagnie. Des entrées d'immeubles sont devenues le QG de jeunes dealers présumés qui font la loi. "Leur loi" rectifie un riverain excédé. Il témoigne et porte en lui toute la colère d'une résidence qui cible un lieu en particulier : le bâtiment G.  

Y a-t-il un chef de bande dans la résidence HLM de la Croix-de-Fer à Cahors. Un jeune homme qui se ferait appeler "le Duc" sans doute en référence au film "New York 1997" où un homme, dans un chaos total, fait régner ses propres règles et impose son diktat aux habitants. Toutes proportions gardées, la comparaison n'est pas inopportune selon une riveraine qui a profité de notre reportage pour sortir son chien.

"J'ai peur de quitter mon appartement. J'ai subi des insultes, on me regarde avec mépris. Je n'ai pas encore été bousculée, mais un jour un homme d'une trentaine d'années m'a tenu tête lorsque je lui ai demandé de ne plus s'installer à l'entrée de l'immeuble. Je ne sors jamais mon animal toute seule. Je ne sais plus où aller avec lui. D'habitude il faisait ses besoins derrière le bâtiment G, mais cet endroit est devenu dangereux. Le barbecue du quartier a été saccagé et renversé. Maintenant il sert de point de rencontre et de deal à certains jeunes du quartier et  d'autres venant de l'extérieur. La police fait parfois des descentes, mais le manège des jeunes reprend dès le départ des enquêteurs" déplore Martine (le prénom a été volontairement changé)." 

 

Le barbecue de la résidence a été saccagé à l'arrière de l'immeuble où se réunissent des groupes de jeunes résidents.
Le barbecue de la résidence a été saccagé à l'arrière de l'immeuble où se réunissent des groupes de jeunes résidents. Photo DDM - J.-L.G

 

"Sous l'autorité d'une dizaine de jeunes" 

Lorsque l'on pénètre dans ce quartier où les habitants déclarent vivre sous "l'autorité d'une petite dizaine de jeunes", il est aisé de comprendre le malaise. Dégradations, tags dans les parties communes, déchets à même le sol... Les riverains ne veulent plus subir. 

 

Les incivilités se répandent aussi à l'intérieur de l'immeuble.
Les incivilités se répandent aussi à l'intérieur de l'immeuble. Photo J.-L.G

 

Dans une note adressée aux locataires, le service de proximité de Lot Habitat leur indique : "Lors d'une visite au sein de la résidence Rivière de Labéraudie  nos services ont remarqué la présence de déjections canines dans les lieux communs (plus particulièrement sur certains paliers)...".  

Lot Habitat maintient un dialogue constant avec les habitants

Martine s'insurge : "Je le répète : sortir son chien et l'emmener dans un endroit éloigné du quartier est devenu très compliqué. J'ai alerté la police une fois de plus pour avoir la paix et être en sécurité."

Sur cette question sécuritaire, Lot Habitat avoue comprendre le désarroi des locataires. Agnès Charousset, directrice de cette structure, se sent et se dit "concernée par ce qui se passe dans le quartier." Concernée et consternée. Que faire alors ? "La police fait son travail, mais c'est assez compliqué car les points de deal se déplacent. De notre côté, nous prenons en compte les soucis des habitants, nous organisons des rencontres avec eux. Ceci très régulièrement." Agnès Charousse ne peut pas parler de "trafics avérés", mais constate les incivilités. La directrice confirme mener "un travail partenarial avec la police. Nous voulons la sécurité de nos locataires et leur bien-être dans nos résidences " assure-t-elle. 

"Il faut faire des détours pour rentrer chez-soi"

La police, quant à elle, reste discrète sur ses actions. Le commissaire général Patrick Meynier n'est pas homme à rester les bras croisés. Rappelons que le procès hors normes qui a condamné un important réseau de trafiquants (le cartel du H) était la suite et fin du démantèlement d'un important réseau à Cahors. 

 

Pas un chat, pas un bruit, mais des regards qui veillent et surveillent depuis des fenêtres et des entrées d'immeubles.
Pas un chat, pas un bruit, mais des regards qui veillent et surveillent depuis des fenêtres et des entrées d'immeubles. Photo DDM - J.-L.G

 

Un riverain monte au créneau et ne mâche pas ses mots en confirmant les incivilités et les trafics : "Ce qui se passe ici est intolérable. Il faut faire des détours pour rentrer chez-soi. On a presque l'impression qu'on ne pourra pas rejoindre notre domicile. Le non-respect est évident depuis au moins deux ans déjà. Il y a eu parfois des départs de feux. Les gars tiennent la porte. Si des voisins leur demandent de cesser les nuisances, le ton peut monter. Des riverains qui s'étaient opposés à ce groupe de jeunes ont eu les 4 pneus de leur véhicule crevés le même soir, par le plus cruel des hasards. Les habitants se sentent menacés. Pour moi l'entrée de ce bâtiment est un point de deal. Il suffit de regarder ce qui se passe : une voiture arrive, s'arrête, quelqu'un vient vers elle à l'entrée de l'immeuble et le véhicule repart. Des jeunes en scooter font des rondes régulières devant les bâtiments" détaille cet homme. Il ne se pose pas en justicier, mais souhaite juste pouvoir rentrer dans son appartement sans peur ni détour.  

Jean-Luc Garcia  La Dépêche du Midi REPORTAGE


29/11/2022
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