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ÉDITORIAL
Joe Biden,
bien trop seul

 

 

C’est le paradoxe Joe Biden. Il était certainement le candidat
qu’il fallait pour chasser Donald Trump du Bureau
ovale, mais il ne semble pas être le président qu’il faut
pour empêcher le retour tonitruant et anxiogène de son prédécesseur.


On peut certes espérer que les instituts de sondage américains
sont aussi compétents que leurs collègues brésiliens qui
avaient prévu une confortable avance pour Lula et se persuader
que rien n’est perdu, ce mardi, pour le camp démocrate face à la
victoire annoncée du trumpisme revanchard. Mais ne faisons
pas semblant d’y croire, Joe Biden doit s’attendre à diriger le pays
jusqu’en 2024, privé de majorité parlementaire.


Concédons-lui qu’il eût été miraculeux de raccommoder en
deux ans un pays désuni et fracassé par Donald Trump. Dans
l’Amérique actuelle, il faut vociférer et tricher pour séduire l’électorat.
Or, le modéré Joe Biden est plus à l’aise pour bafouiller et gaffer.
Bien sûr, Trump reste le champion de l’intox et du n’importe quoi, il
trimballe de multiples casseroles judiciaires mais ça passe, encore
et toujours, alors que le président démocrate lasse par sa tiédeur.


Reconnaissons aussi à Joe Biden la difficile gestion de la bombe épidémique
à retardement laissée par Trump, et surtout la guerre en
Ukraine qui monopolise ses journées et coûte des milliards au pays
alors qu’une majorité d’Américains hurle en constatant le prix
de l’essence. Un succès des Républicains
serait une aubaine pour Poutine qui doit prier le ciel
pour que l’homme aux cheveux jaunes et à la casquette rouge
récupère la Maison Blanche et abandonne certainement
l’Ukraine et l’Europe face à la Russie.


Le bilan social et environnemental du 46e président des États-
Unis est loin d’être médiocre. Sauf que personne ne le mentionne.
Joe Biden paie de surcroît l’erreur de casting Kamala Harris.
Première femme métisse à occuper le poste, la vice-présidente
a disparu des écrans radar alors que les menaces sur le
droit à l’avortement, les restrictions et les manipulations du
droit de vote, méthodiquement mises en place dans certains
États républicains et dont les Afro-Américains sont les principales
victimes, devraient la pousser sur le devant de la scène.


Joe Biden paraît bien seul face à la meute trumpiste et ses pitbulls
comme le gouverneur de Floride, Ron DeSantis. Barack
Obama a dû venir à la rescousse, conscient de la régression et du
risque de sécession qu’entraînerait la mainmise républicaine
sur la Chambre des représentants et le Sénat. Mais n’est-ce pas
trop tard dans un pays où plusieurs élus affirment haut et fort
leurs doutes sur le résultat des urnes ? Or, une démocratie où on
remet d’emblée en question un scrutin n’est justement plus
tout à fait une démocratie.

 

Benoît Lasserre édito Sud-Ouest ce 8 novembre 2022



08/11/2022
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