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" Récoler" les morceaux

  • Sébastien Marti.Sébastien Marti.
    Sébastien Marti.
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« Deux chauves qui se battent pour un peigne. » C’est ainsi que l’écrivain Jorge Luis Borgès décrivait en 1982 la guerre des Malouines, entre l’Angleterre et l’Argentine. La métaphore se prête volontiers au Parti socialiste après le désolant spectacle auquel se livrent Olivier Faure et Nicolas Mayer-Rossignol pour la désignation du premier secrétaire national. Nervis empêchant l’accès aux bureaux de vote, bourrage d’urnes, agressions physiques, fraudes, menaces… Les socialistes ont étalé au grand jour les vieilles recettes électorales ; elles n’auraient jamais dû quitter le secret des arrière-cuisines militantes.

 

Elles sentent d’autant moins la rose que l’empressement du camp d’Olivier Faure à proclamer la victoire sur la base de résultats litigieux a distillé le poison de la suspicion. Le Parti socialiste, à défaut de recoller les morceaux, ne pourra pas faire l’économie d’un récolement des voix. Seuls des résultats incontestables pourront ramener un semblant de paix entre « deux gauches irréconciliables », pour reprendre l’expression de Manuel Valls.

 

Le PS est pourtant coutumier de ce genre de psychodrame. À Rennes en 1990 puis à Reims en 2008, les congrès se sont achevés en bagarre générale. Mais ça, c’était avant. À l’époque le Parti socialiste totalisait sept fois plus d’adhérents (280 000 il y a quinze ans, 41 000 aujourd’hui) et les caciques se nommaient Laurent Fabius, Lionel Jospin, Michel Rocard, Pierre Mauroy, Ségolène Royal ou Martine Aubry. Or depuis plusieurs années déjà, le PS court comme un poulet sans tête.

 

Il faut reconnaître à Olivier Faure un certain courage lorsqu’il a accepté d’accompagner le parti dans ses derniers instants, au lendemain du quinquennat de François Hollande. Mais il porte seul la responsabilité d’un congrès raté. D’abord parce qu’en qualité de premier secrétaire, il est garant de la sincérité du scrutin ; ensuite, parce que les débats se sont polarisés autour de la Nupes.

La moitié des militants socialistes n’a pas pardonné au premier secrétaire d’avoir dissous le parti dans l’alliance dirigée par La France insoumise à l’Assemblée nationale et d’avoir ainsi bradé un héritage séculaire. Laïcité, universalisme, sécurité, énergie, Europe, transports : ils ne sont quasiment d’accord sur rien. Le piège s’est même refermé sur Olivier Faure, éclaboussé malgré lui par certaines outrances de ses alliés depuis les dernières élections législatives ainsi que par les affaires Quatennens, Bayou ou Coquerel.

 

Ni Olivier Faure, ni son challenger, Nicolas Mayer-Rossignol, ne peuvent clairement revendiquer la victoire et la guérilla menace la gouvernance du parti. Mais les plus optimistes observeront que le PS existe encore et il y a un an, ce n’était pas gagné.

 


21/01/2023
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