2124- Un rasoir 49-3 à deux lames 4 posts

Un rasoir 49-3
à deux lames

 

 

C’est une publicité que les moins de 40 ans ne peuvent pas connaître.
La société Gillette avait affûté le slogan de son rasoir à
deux lames : « La première coupe le poil une fois, la deuxième le
recoupe avant qu’il se rétracte. » Le gouvernement Borne peut
donc déposer le brevet de son 49-3 à double lame : « La première
cisaille le débat sur le projet de loi de finances, la deuxième le
retaille sur le financement de la Sécurité sociale avant qu’il
commence. »


Comme la plupart de ses prédécesseurs, hormis François
Fillon, Jean-Marc Ayrault ou Lionel Jospin, la Première ministre a
donc dégainé l’arme constitutionnelle calibrée en 1958 par Michel
Debré, mettant fin à un débat qui, à ses yeux et ceux du président
de la République, virait à la foire aux amendements, dans
le seul but de pratiquer l’obstruction législative. L’argument
n’est pas nouveau, il est utilisé par tous les gouvernements où siègent
souvent celles et ceux qui, dans l’opposition, dénonçaient
un déni de démocratie.
Même François Hollande, pourtant peu patelin à l’égard de son
successeur, a justifié à l’avance l’usage du 49-3 qu’il pourfendait
sans ménagement à la tête du Parti socialiste et auquel il trouva du
charme, une fois franchies les grilles de l’Élysée. « Le débat a eu
lieu », a-t-il tranché, sur un ton macronien.
« Et il va continuer », a promis Élisabeth Borne. Ce n’est
évidemment pas l’avis de la gauche et du RN qui ont fait la course
dans les couloirs du palais Bourbon pour être le premier groupe à
déposer sa motion de censure.


Décidément peu hitchcockien, le scénario parlementaire
s’achemine vers un rejet de ces deux textes puisque les députés
LR ne veulent s’associer ni à l’un ni à l’autre, puis, dans la foulée,
vers un deuxième 49-3, sur le budget de la Sécurité sociale, qui,
faute de lotion apaisante, va de nouveau chauffer les joues de la
Nupes et des lepénistes.


Ses nombreux mandats au Sénat et à l’Assemblée nationale
ayant forgé sa science de la mécanique législative, Jean-Luc Mélenchon
n’a pas tort de souligner que le 49-3 sert aussi d’avertissement
à la majorité présidentielle. Emmanuel Macron semble
en effet irrité par ces députés qui augmentent des taxes sur les
dividendes, fâchant ainsi Bruno Le Maire, ou, au contraire, pas
assez nombreux dans l’hémicycle pour empêcher l’adoption
d’amendements Insoumis ou RN. C’est également un message
à l’attention de la présidente de l’Assemblée nationale, Yaël
Braun-Pivet, plus indocile que le fidèle Richard Ferrand.


 De là à amplifier la rumeur qui prêterait au chef de l’État l’envie
de se risquer à une dissolution, il n’y a qu’un pas, hasardeux,
à sauter. Dans la série « Baron noir », les coups de poker rapportaient
le jackpot. Hors de l’écran, le roi peut se retrouver nu.

 

Benoît Lasserre éditorial Sud-Ouest

 

Même Hollande,
pourtant pas très
patelin à l’égard de son
successeur, a justifié à
l’avance l’usage du
49-3 qu’il pourfendait
sans ménagement à la
tête du PS

 

                                                      49.3.jpg

 

 

 

 



20/10/2022
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