Monsieur le président,
 
Lorsque vous lirez ces quelques lignes, je ne serai plus de ce monde. Après la découverte, cet été, d’un cancer rare, agressif, incurable, me laissant une « survie » de trois à quatre mois, j’ai décidé de terminer ma vie dignement.Et pour cela, je n’ai pas eu le choix : j’ai dû me rendre à l’étranger.Trouvez-vous cela normal ?
 
Obscurantisme français
 
Pendant combien de temps encore, la France va-t-elle sombrer dans l’obscurantisme, pendant combien de temps encore va-t-elle dégringoler dans les classements ? Je ne reconnais plus ma France.
 
En ce moment, on parle de « fin de vie » Mais on en parle depuis des dizaines d’années ! Parler, parler… Toujours parler. Ne pensez-vous pas qu’il est temps de passer à l’action ?
Si les Français continuent à aller à l’étranger, c’est bien parce que la législation française ne leur permet pas de trouver une réponse à leurs souffrances :
le libre choix de leur fin de vie, une fin de vie digne, humaine.Ces derniers mois, j’ai beaucoup échangé sur le sujet autour de moi. Dans l’ensemble, le monde médical et les Français sont favorables à une évolution de la législation vers l’euthanasie, voire le suicide assisté pour certains.
 
Un pays laïc ?
 
Les religieux y sont opposés ; ils sont dans leur rôle, mais la France est un pays laïc, n’est-ce pas ?
Il reste les « politiques » tellement frileux, les yeux rivés sur les sondages avec la crainte de perdre des électeurs. Lorsque Simone Veil s’est battue pour faire passer sa loi sur l’avortement, elle est allée au combat. C’était une femme volontaire et courageuse.
 
Le véritable choix
 
Alors Monsieur le président, vous aussi, montez au combat et faites voter une loi permettant à chaque Français de choisir librement sa fin de vie, ici, en France, dans son pays. Mort naturelle, soins palliatifs avec sédation profonde et continue, euthanasie active, suicide assisté… Le véritable choix de terminer sa vie avec dignité, selon ses croyances, sa philosophie
 
En vous remerciant d’avoir lu ces quelques lignes, je vous prie d’agréer, Monsieur le président, mes respectueuses salutations.
 
 
JJ*

J.J.* avait 75 ans. Atteinte d’un cancer incurable et voulant échapper aux souffrances causées par la maladie, cette citoyenne française est allée se suicider à l’étranger. La veille, elle a écrit une lettre à Emmanuel Macron dans laquelle elle l’appelle à faire preuve de « courage » en faisant « voter une loi permettant à chaque Français de choisir librement sa fin de vie, ici, en France, dans son pays ».