2116- Ma Revue de presse 22 posts

Inflammable

  • Jean-Claude Souléry Jean-Claude Souléry
    Jean-Claude Souléry - MATHIEU Pierre
Publié le

Il ne manquait plus que ça ! Voici la France qui marche ces jours-ci à côté de ses pompes. Alors que le gouvernement croyait avoir apaisé les automobilistes en consentant une ristourne de 30 centimes sur le litre de carburant, accompagnée par une baisse simultanée de 20 centimes dans les stations Total, et que, par conséquent, avec ces 50 centimes de rabais, le coût d’un plein valait moins cher ici qu’en Andorre – voilà la grogne qui monte pourtant autour des stations-service. Soit parce qu’il faut patienter dans des files d’attente interminables avant de pouvoir remplir son réservoir, soit parce qu’un bon tiers des pompes françaises est tout simplement vide. C’est une nouvelle pénurie qui s’ajoute aux autres, et finit par exaspérer le consommateur, désormais frustré dans son besoin le plus cher : pouvoir rouler dans sa bagnole.

Le plus étonnant c’est qu’il n’y a pas à proprement parler de pénurie d’essence dans le pays, mais une conjonction de deux imprévus : d’une part la baisse du coût des carburants chez Total a entraîné une ruée spontanée sur les pompes qui se sont vite retrouvées à sec car l’approvisionnement n’a pu soutenir un tel rythme ; d’autre part la grève dans les raffineries TotalEnergie, décidée voici onze jours par la CGT pour obtenir des augmentations salariales, a amplifié la pénurie de super et de diesel.
Il n’en faut pas davantage pour inquiéter Président et gouvernement, qui redoutent plus que tout la colère qui monte des pompes, car bien souvent elle en précède d’autres. Dans le climat de crispation sociale et d’inquiétude face à la vie chère, il s’agit, pour le pouvoir, d’éviter la moindre étincelle – et Dieu sait si l’essence est inflammable.

C’est pourquoi le gouvernement a décidé de libérer des stocks stratégiques pour soulager l’approvisionnement en carburant, et Emmanuel Macron s’en est mêlé, enjoignant les grévistes et la direction de TotalEnergies de démontrer au plus vite leur sens des responsabilités, en négociant sans attendre.

Il faut dire que ce conflit social qui paralyse le groupe pétrolier tombe au moment où l’opposition de gauche revendique la taxation des « superprofits » engrangés par les actionnaires grâce à la hausse considérable des prix de l’énergie. Alors qu’un effort est demandé à l’ensemble des Français pour faire face à l’inflation et à aux dépenses de l’hiver, n’est-il pas normal que cet effort soit partagé par tous ? Si le gouvernement hésite à répondre clairement à cette question, on peut croire que les Français, automobilistes ou simples piétons, ont déjà répondu oui.

Jean-Claude Souléry La DDM 11 octobre 2022


11/10/2022
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