Des centaines de partisans de l'ex-président Jair Bolsonaro ont envahi dimanche le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême à Brasilia.
Source AFP
Des centaines de partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro ont envahi dimanche le Congrès, le palais présidentiel et la Cour suprême, à Brasilia, faisant d'importants dégâts, selon les images diffusées sur les réseaux sociaux. Au moins 150 partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro ont été arrêtés après le saccage des principaux lieux de pouvoir du Brésil, dimanche à Brasilia, selon plusieurs médias.
Des images de la chaîne CNN Brésil ont montré des bolsonaristes vêtus en jaune et vert descendre en file indienne, les mains derrière le dos, la rampe du palais présidentiel de Planalto, encadrés de policiers. La police attachée au Sénat a annoncé avoir arrêté 30 personnes dans la Chambre, un des lieux de pouvoir pris d'assaut par les bolsonaristes, au même titre que la chambre des députés voisine, le palais présidentiel et la Cour suprême.
Le Congrès brésilien a été évacué par la police plusieurs heures après avoir été pris d'assaut dimanche par des centaines de partisans de l'ex-président d'extrême droite Jair Bolsonaro, a constaté une journaliste de l'AFP-TV. Le président brésilien Luiz Inacio Lula da Silva a condamné dimanche l'invasion des lieux de pouvoir à Brasilia par des « vandales fascistes » et a décrété une « intervention fédérale » sur les forces de l'ordre pour reprendre en main la sécurité de la capitale. « Nous allons tous les retrouver et ils seront tous punis », a déclaré au sujet des bolsonaristes responsables de saccages Lula, investi président il y a seulement une semaine, depuis Araraquara, dans l'Etat de Sao Paulo.
Demande d'intervention militaire
Les bolsonaristes radicaux arrivés en masse ont pris de court les forces de sécurité, une semaine après l'investiture du président de gauche Luiz Inacio Lula da Silva, dont ils n'ont jamais reconnu la victoire contre Jair Bolsonaro à la présidentielle d'octobre, a constaté un photographe de l'Agence France-Presse. Sur les réseaux sociaux, on peut voir des vidéos montrant des bureaux de parlementaires détériorés ou des manifestants debout sur les sièges de l'hémicycle de Sénat. Les dégâts semblent considérables, dans ces bâtiments qui sont des trésors de l'architecture moderne et regorgent d'oeuvres d'art.
La zone près de la Place des trois pouvoirs, où se côtoient le Palais présidentiel de Planalto, la Cour suprême et le Congrès, avait été pourtant bouclée par les autorités, mais les bolsonaristes sont parvenus à rompre les cordons de sécurité. Les policiers, qui semblaient complètement débordés, ont tenté, en vain, de les repousser avec du gaz lacrymogène. Au milieu de la place des Trois pouvoirs, un agent de la police montée a été désarçonné puis frappé à terre par des assaillants armés de bâtons. Samedi, Flavo Dino avait autorisé le déploiement d'agents de la Force Nationale, une force spéciale de police parfois envoyée dans les différents Etats en cas de menace contre la loi et l'ordre.
Sur les réseaux sociaux, on peut voir des vidéos montrant des bureaux de parlementaires saccagés ou des manifestants debout sur les sièges de l'hémicycle au Sénat. L'un d'eux s'est assis sur le siège du président de la Chambre haute, un mimétisme saisissant avec les manifestants pro-Trump au Congrès américain il y a deux ans. Selon la chaîne CNN, des manifestants ont mis le feu au tapis d'un salon du Congrès, qui a dû être inondé pour éteindre l'incendie. Un syndicat de presse local a fait état de l'agression de cinq journalistes. Parmi eux, un photographe de l'AFP a été frappé et s'est fait voler tout son matériel.
«Une attaque lâche contre la démocratie »
Lula, 77 ans, était absent de Brasilia dimanche : il s'est rendu à Araraquara, ville de l'Etat de Sao Paulo (sud-est) dévastée par des inondations en fin d'année. Des bolsonaristes manifestaient déjà devant des casernes militaires depuis la défaite de peu du président sortant d'extrême droite face à Lula le 30 octobre. Ils réclamaient l'intervention de l'armée pour empêcher ce dernier de revenir au pouvoir pour un troisième mandat, après ceux de 2003 à 2010. Certains d'entre eux ont également bloqué des axes routiers pendant plus d'une semaine après l'élection. Jair Bolsonaro, qui n'a jamais félicité Lula de son élection et a boudé son investiture, a quitté le Brésil deux jours avant la fin de son mandat et se trouve en Floride, aux Etats-Unis
L'investiture s'est déroulée le 1er janvier à Brasilia sans incident majeur, en présence de dizaines de milliers de partisans de Lula. Le président de gauche du Chili, Gabriel Boric, a apporté sur Twitter son soutien au gouvernement Lula « face à cette attaque lâche contre la démocratie ». Son homologue colombien, Gustavo Petro, a condamné pour sa part une « attaque fasciste ».