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ÉDITORIAL
Macron, en vert et contre tout
Au train où vont les choses, Emmanuel Macron va finir
la campagne avec le pull-over rouge de René Dumont.
Ira-t-il jusqu’à boire en direct un verre d’eau,
comme l’avait fait en 1974 le premier candidat écologiste à
l’élection présidentielle ? Plus vert que lui est devenu impossible.
La conversion est spectaculaire, on la sentait mûrir
ces dernières semaines ; elle a pris corps samedi à deux
pas du Vieux-Port de Marseille, sous le regard de la Bonne
Mère qui aura sans doute accompli là son principal miracle.
Voici donc le président sortant résolu à faire de la
France, s’il est réélu, « une grande nation écologique », décidé
à passer la surmultipliée pour réduire les gaz à effet
de serre, déterminé à nommer un Premier ministre qui
sera d’abord chargé de « la planification écologique ».
On l’aura compris, la conversion d’Emmanuel Macron doit
assez peu au mystère pascal et beaucoup aux considérations
électorales. Après avoir « siphonné » les voix de droite au
premier tour, il a besoin de celles des écologistes et surtout
de celles des Insoumis pour l’emporter clairement au second
tour. Et pour cela, il n’économise pas son énergie : il va
jusqu’à emprunter à Jean-Luc Mélenchon la notion emblématique
de « planification écologique».
Mais au fond, cette manoeuvre, aussi électoraliste soit-elle,
est-elle si scandaleuse ? Après tout, il n’est pas indigne de la
part d’un candidat de second tour de « récupérer » certaines
idées émises par les candidats du premier tour et dont
il convoite les voix. Pour peu, bien sûr, que cela ne dénature
pas son projet. Or, Emmanuel Macron ne va pas, par
exemple, jusqu’à renoncer à la construction de petites
centrales nucléaires ou au maintien en activité de celles
qui existent. De même, si la conversion est réelle, elle n’est
pas totale. Le bilan écologique du quinquennat est loin
d’être négligeable, même si l’on reste encore en retard sur
les objectifs fixés par l’accord de Paris.
Ce qui peut susciter une certaine réserve face à cet enthousiasme
de néophyte, c’est le souvenir des emballements
récurrents du président sortant. Qui a fait venir Nicolas
Hulot et l’a laissé claquer la porte. Qui a promis de
retenir « sans filtre » les propositions de la Convention citoyenne
sur le climat, avant… de les filtrer. Gageons que ce
mistral gagnant retombera en cas de réélection. Mais
ce sera toujours mieux pour le climat que la victoire d’une
Marine Le Pen entourée de climato-sceptiques et dont le
programme en matière d’environnement frôle l’indigence.
Bruno Dive édito Sud-Ouest
Après tout, il n’est pas
indigne de la part d’un
candidat de second
tour de « récupérer »
certaines idées émises
par les candidats du
premier tour et dont il
convoite les voix
Figeac ce vendredi après midi 22 avril 2022