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ÉDITORIAL
Sahel, le domino burkinabé

Christophe Lucet édito Sud -ouest

 

Après le Mali et la Guinée, le Burkina Faso est sur le
point de passer sous un régime militaire. Le putsch
qui semblait hier soir avoir réussi à chasser du pouvoir
le président Kaboré, confirme la gravité de la déstabilisation
de tout le Sahel sous les coups de boutoir des
groupes djihadistes, et ce malgré l’engagement sur le terrain
de la France et des Européens.


Soumis depuis des années à des attaques incessantes qui
ont fait plus de deux mille morts, le Burkina a subi en novembre
dernier un choc violent avec l’attentat qui a coûté
la vie à 53 gendarmes. Et la colère gronde aussi bien dans les
rangs de l’armée que dans les banlieues de la capitale où se
sont entassés un million et demi d’habitants chassés par la
terreur de leurs villages du nord et de l’est.


Pour la France, l’irruption d’un pouvoir militaire à Ouagadougou
a des allures d’effet-domino.Car Paris se coltine déjà
une crise ouverte avec les généraux putschistes du Mali. Or
comment poursuivre l’opération Barkhane, même réduite
de moitié, si les pays membres du « G5-Sahel » flanchent ou se
cabrent les uns après les autres ?
Les ennuis, comme on sait, volent en escadrille. Les Suédois,
engagés dans l’opération Takuba de soutien européen à
Barkhane, ont annoncé qu’ils pliaient bagage. Et si l’UE promet
de continuer à appuyer la lutte antiterroriste au Sahel,

son haut représentant Josep Borrell

a dit que ce ne serait pas à n’importe quel prix. Or ce
prix pour la France est celui du sang d’un 53e soldat mort
dimanche dans une attaque au mortier contre le camp de Gao.
Un facteur inquiétant pour Paris est l’instrumentalisation
du sentiment anti-français exacerbé par neuf ans de
présence militaire. Au Mali et dans la région, l’ancienne
puissance coloniale, malgré son engagement pour la sécurité
du Sahel, fait figure de bouc émissaire facile quand tout
va mal : certains vont même jusqu’à lui reprocher d’aider
en sous-main les groupes armés, c’est dire !


Ce putsch au Burkina intervient au moment où les généraux
maliens, sanctionnés par leurs voisins africains mais
avec le soutien de la rue, sont en train de se jeter dans les
bras des mercenaires russes de Wagner. Abandonner le terrain
à la Russie rendrait encore plus cuisant un échec des
Européens dans leur combat pour sécuriser leur flanc sud
et venir en aide à des peuples sahéliens qui ne savent plus à
quels saints se vouer. Dans un contexte régional aussi dégradé,
la France, l’Union européenne et leurs partenaires
africains doivent remettre toute leur stratégie sur la table.



25/01/2022
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