2049- La Présidentielle 45 posts

Être une égérie ne suffit pas

 

Benoît Lasserre, édito Sud-Ouest

 

Au point où en est la gauche française, c’est à se demander
si, s’inspirant d’Arnaud Montebourg ou de Christiane Taubira,
Jean-Marc Ayrault ou Vincent Peillon ne vont pas s’arracher
à leur retraite politique et annoncer leur candidature à
l’Élysée avant Noël. On ne parle même pas de l’inusable Ségolène
Royal qui, gonflée à bloc par les onze voix qu’elle a recueillies
aux dernières sénatoriales, se déclare disponible, non
sans faire, avec son habituel aplomb, la leçon à Anne Hidalgo sur
la nocivité du mensonge quand on détient un mandat.


Vingt ans après le funeste avril 2002, Christiane Taubira, pour
sa part, semble avoir fait un pas de plus vers la ligne de départ en
se déclarant, samedi, favorable à la vaccination. Elle a ainsi rompu
une détestable ambiguïté sur le sujet, qui lui avait valu des
reproches, y compris chez ses partisans, nombreux à gauche,
surtout celle qui vibre plus pour les causes sociétales

que les réformes sociales.


On ne peut qu’être étonné
d’ailleurs par ce paradoxe qui veut
que Montebourg et elle, après
avoir utilisé leur éloquence à torpiller
le modèle providentialiste
de la Ve République, se lancent
dans l’arène en s’imaginant qu’ils
sont impatiemment attendus par
des millions d’électeurs et qu’ils
vont cicatriser les plaies de la gauche.


Comment donner tort à Jean- Luc Mélenchon

quand il déclare qu’une ambition présidentielle se
bâtit sur un programme, pas sur un nom, aussi respecté soit-il.

À moins d’incarner une alternative sans rival au pouvoir en place,
quel qu’il soit. Sur ce plan, Christiane Taubira a échoué. Il ne suffit
pas d’être l’égérie du mariage pour tous, du féminisme et de
l’antiracisme pour se propulser au sommet des sondages ou
des courbes de popularité. L’ex-garde des Sceaux y est à égalité
avec Éric Ciotti, une mitoyenneté qui ne doit pas l’enthousiasmer.


Il ne suffit pas non plus d’être une brillante oratrice, nourrie
de philosophie et de poésie. Comme Arnaud Montebourg,
Christiane Taubira est réputée pour son caractère imprévisible.
Il lui est plus difficile de diriger une équipe que de galvaniser
une foule, de se plier à un protocole que d’enflammer un hémicycle.

Et puis, si elle a ses admirateurs en métropole et outremer,
sur quel socle militant, sur quel réseau d’élus peut s’appuyer
l’ancienne députée de Guyane ? Nul doute qu’elle souffre sincèrement
de voir son camp éparpillé et irréconciliable, courant
vers le mur de la défaite, malgré cette pétition de 1 500 élus locaux
implorant une union que même le Père Noël ne trouverait
pas dans sa hotte, et malgré la piètre proposition d’Anne Hidalgo
d’un débat télévisé entre concurrents de gauche.


«Comme carreaux cassés » s’intitule son dernier livre. Mais la
littérature n’a jamais servi à réparer ce que la politique a brisé.



20/12/2021
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