2038- Dossier du jour 24 posts

 

Nicolas Hulot se retranche

 

édito Sud-Ouest Benoît Lasserre


Après Patrick Poivre d’Arvor, c’est une autre ancienne vedette
de la télévision, Nicolas Hulot, qui se retrouve au
banc des accusés du tribunal #MeToo. Autant la mise en
cause de celui qui régna longtemps sur le 20 heures le plus regardé
de l’Hexagone n’a pas surpris, tant sa réputation précédait
l’incrimination, autant le nom de celui qui a popularisé la cause
de l’écologie et reste abonné à la sympathie des Français retentit
comme un coup de tonnerre. Certes, Nicolas Hulot avait déjà dû,
en février 2018, se défendre d’une charge d’agression sexuelle,
dévoilée par un éphémère hebdomadaire. L’affaire avait été classée,
pour cause de prescription, le pire dénouement qui puisse
arriver à un accusé puisque, faute d’enquête, ne demeure que le
soupçon dont on ne se lave jamais complètement.


La présomption d’innocence existant encore dans ce pays,
même si les réseaux sociaux la détériorent
chaque jour, voire la déconstruisent
– si on préfère un verbe très actuel –, Nicolas Hulot
avait conservé son portefeuille ministériel
avant de le jeter, quelques mois plus tard,

à la surprise générale, au micro de France Inter.

Désillusionné par l’action politique, il
avait repris sa liberté de parole et
la présidence d’honneur de sa
Fondation, signant au printemps
2019, avec le patron de la CFDT
Laurent Berger, une tribune remarquée
en faveur d’un pacte social et écologique.


Les journalistes n’ayant, il faut le répéter, ni vocation ni légitimité à
juger qui que ce soit, il n’est pas question ici de condamner ou de
blanchir l’ancien ministre. En revanche, on peut regretter que
Nicolas Hulot, voulant être ironique et n’étant que lourdingue,
ait justifié de son physique pour balayer toute suspicion de viol,
comme si celui-ci n’était réservé qu’aux hommes moches et difformes.
Mais l’inélégance n’est pas aveu de culpabilité.


Il est aussi permis de constater que sa défense, comme le fit
autrefois Dominique Baudis, victime d’effroyables soupçons, a
consisté à venir se disculper sur un plateau de télévision, avant
même que soit diffusé le reportage donnant la parole à plusieurs
femmes qui affirmeraient que Nicolas Hulot les a agressées,
et même violées. Étrange façon que protester, face à des
caméras, contre une justice dite médiatique. Aussi incongru
que ces responsables politiques qui donnent crédit aux accusatrices
sans avoir entendu leur témoignage ni connaître le dossier.


Si la souffrance des plaignantes a été prouvée dans la majorité
des dossiers et a, heureusement, débouché sur une condamnation
ou une mise à l’écart de la vie publique, la vraie justice, celle
des tribunaux, pas des réseaux sociaux, revient à ne pas privilégier
une parole plutôt qu’une autre. Et à ne pas toujours nager dans le sens du courant.



25/11/2021
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