2012- Actualités : Comment réduire le coût de l'électricité ? 21 posts

 
 

Depuis quelques semaines, les cours des matières premières, donc de l'énergie, s'envolent. La facture d'électricité des ménages va subir une hausse importante, au point que l'association UFC Que choisir met en garde contre un « risque d'explosion ». La facture, selon ses calculs, pourrait atteindre 1 700 euros en moyenne en 2022, contre 1 550 euros au début de l'année. Pour réduire la note, le gouvernement affirme « regarder toutes les options », dont un élargissement du dispositif qui offre aux opérateurs alternatifs comme CDiscount ou Plüm Energie de se fournir à un tarif fixe auprès d'EDF. Nicolas Goldberg, senior manager « Energy » au sein du cabinet de conseil Colombus Consulting, estime qu'il faut aller encore plus loin.

 

Le Point : Comment expliquer la hausse subite et importante des prix de l'énergie ?

 

Nicolas Goldberg : Comme pour les matières premières, qui connaissent une augmentation sévère de leurs cours, les prix de l'énergie s'envolent à cause de la reprise économique. Le gaz, les quotas de CO2, mais aussi l'uranium sont concernés, partout dans le monde. L'ensemble des matières premières a par ailleurs été l'objet de spéculation, ce qui a tiré les prix à la hausse.

 

Quel mécanisme fait  que la facture d'électricité des foyers français soit touchée ?

 

Les prix de gros sur les marchés sont fixés à partir des tarifs du dernier moyen de production d'énergie appelé, afin que lui aussi fasse un bénéfice. Si ce n'était pas le cas, il ne pourrait pas y avoir un équilibre entre l'offre et la demande d'électricité. Les deux doivent être égaux à tout moment si on ne veut pas que le réseau s'écroule. Les premiers modes de production, ce sont les énergies renouvelables, qui ne peuvent stocker d'énergie ; les derniers, ce sont les centrales à gaz ou à charbon. Or, comme le coût de ces matières premières augmente, le prix de gros de l'électricité suit la même voie.

Par ailleurs, on a souhaité augmenter le prix du carbone, qui était très bas ces dernières années. Il était tombé à 5 euros la tonne de CO2, c'est ridicule, sans effet sur les entreprises. En 2019, pour faire remonter le prix du carbone, l'Union européenne a réduit les quotas. La tonne de CO2 est aujourd'hui à environ 60 euros, ce qui pèse sur le prix des produits carbonés et des énergies fossiles. L'augmentation des prix de l'énergie est donc la conséquence de ce qu'on voulait !

 

Quelles sont les perspectives ?

 

Les prix sur les marchés sont très volatils, il faudra trouver une solution. Le mégawattheure coûtait 50 euros environ il y a quelques mois, il est passé à 100 euros il y a une semaine, il est à 120 aujourd'hui ! C'est un yo-yo dangereux. Je ne vois pas d'amélioration avant mars. Tout dépendra du passage de l'hiver. Les particuliers sont touchés, mais aussi les entreprises. Cette envolée des prix rogne leurs marges, elle peut même les supprimer. On parle beaucoup de réindustrialiser la France, mais, pour relocaliser des usines, les prix des matières premières, donc ceux de l'énergie, doivent être stables et prévisibles. C'est nécessaire à l'activité.

 

Un dispositif particulier à la France, l'Accès régulé à l'électricité nucléaire historique (ARENH), permet aux

 

fournisseurs alternatifs comme TotalEnergies de se fournir auprès d'EDF à un prix fixe. C'est donc insuffisant ?

 

Oui. Ce dispositif est limité à 25 % de la production d'électricité d'origine nucléaire produite par EDF, soit 100 TWh. Or, l'an dernier, les demandes des fournisseurs ont excédé ce plafond de 50 TWh, pour atteindre 150 TWh ! En novembre, lors du prochain « guichet », on peut imaginer que la demande atteindra 175 TWh. À 42 euros le MWh quand le prix sur les marchés approche les 120 euros, l'ARENH est évidemment un dispositif très intéressant ! On pourrait donc augmenter le plafond de 25 % pour satisfaire les fournisseurs alternatifs et les consommateurs, mais ce serait au détriment d'EDF et sans garantie d'investissement dans de nouveaux moyens de production. Il faudrait revoir aussi les conditions d'accès. EDF pourrait vendre l'intégralité de son électricité nucléaire à un tarif fixe, si ce prix était relevé en échange, mais Bruxelles exige une réforme en profondeur de l'entreprise. On n'évitera pas le débat sur le relèvement de l'ARENH.

 

Quels sont les effets pour les ménages ? Le chèque énergie de 100 euros peut-il compenser cette envolée des prix ?

 

J'ai chiffré l'effet sur la facture d'électricité entre 7 et 8 % d'augmentation pour un ménage, et l'UFC Que choisir à 10 %. C'est historique. Le chèque énergie est une bonne mesure de compensation, mais il ne profitera qu'à 6 millions de ménages. Et, encore une fois, que fait-on pour les entreprises, dont les marges peuvent être sérieusement rognées par l'envol des prix de l'énergie ?

 

Quelles pourraient être les solutions pour limiter la hausse des prix ?

 

On peut agir sur la fiscalité. Ce qui a fait augmenter la facture de l'électricité entre 2008 et 2016, c'est la CSPE. Cette contribution au service public de l'électricité visait essentiellement à financer l'essor des énergies renouvelables, comme le solaire et l'éolien. Elle a été modifiée, mais je pense qu'il faudrait surtout l'alléger, car le coût des énergies renouvelables a beaucoup baissé. Une baisse de 5 % environ me semblerait justifiée. Ce serait un signal cohérent compte tenu de la baisse des coûts des renouvelables pour l'État et de la volonté d'encourager le report des consommations fossiles vers l'électricité, comme avec le véhicule électrique par exemple.

 



22/09/2021
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