2010-- Le coup des sous-marins 17 posts

L’annulation du contrat des sous-marins commandés par l’Australie -sous pression américaine- a semblé étonner le gouvernement français. « Coup dans le dos », « trahison » on ne trouve pas de mots assez durs. Chacun sait pourtant que, dès qu’il s’agit de business -et surtout de business militaire-les américains sont sans foi ni loi.
En permanence ils font pression sur les pays alliés ou amis pour qu’ils achètent made in USA, ce qui est après tout de bonne guerre. Ne restent à la France (et aux autre pays européens) que les miettes. Mais c’est la première fois, à ma connaissance, qu’ils vont jusqu’à faire casser un contrat signé…qui plus est en vendant une technologie nucléaire militaire, en contradiction avec tous les principes de non-prolifération.
En fait ce n’est pas vraiment surprenant. Pour les américains tous les moyens sont bons : ils n’ont pas hésité à prendre en otage littéralement un dirigeant d’alstom pour mettre la main sur ce joyaux de l’industrie française. Ce haut cadre d’alstom a passé 14 mois en prison de haute Sécurité pour « corruption », comme si les États Unis ne pratiquaient jamais les pots de vin.
Ils n’hésitent pas non plus à déclarer « universelles » des sanctions qu’ils décrètent contre tel ou tel nation, empêchant quiconque (sauf les chinois) de faire des affaires avec ce pays. Les contrevenants sont condamnés à payer des milliards de dollars.
Dans l’affaire des sous-marins australiens, Joe Biden, qui avait pourtant promis d’autres méthodes table sur le fait que, même si les français enragent, ils se rendront à l’évidence que les États Unis sont les plus forts et qu’ils ont plus besoin de l’Amerique que l’inverse.
Pourtant à terme les dégâts pourraient être plus important le moustique français peut porter la dengue.
En 1956, les États Unis avaient imposer leur loi aux Anglo-français engagés dans une campagne militaire sur le canal de Suez, les obligeant à se retirer. Anglais et français en avaient tiré des conclusions opposées. Pour Londres, la leçon de Suez est qu’il ne faut jamais s’opposer aux États Unis. Pour Paris, la leçon est qu’il ne faut pas avoir tous ses œufs dans le panier américain. Dix ans plus tard elle quittait l’OTAN.
L’affaire des sous marins pourraient avoir des conséquences similaires. C’est la preuve qu’aussi « gentils » qu’ils puissent être les français ne feront jamais partie du « club anglo-saxon » (USA, Royaume uni, Australie, nouvelle Zélande, Canada) qui existe déjà en matière de renseignements (« les five eyes »). Après cette gifle la France va redoubler ses efforts pour la promotion d’une Europe de La Défense. D’autant que d’autres pays de l’UE pourraient aussi conclure de cette affaire que, eux non plus, ne feront jamais partie du club anglo-saxon.
Cette affaire pourrait aussi convaincre les européens de ne pas se lancer dans une coalition dirigée par les États Unis contre la Chine et d’adopter une sorte de neutralité.
En politique étrangère comme dans tout, il faut éviter d’humilier ses partenaires. Et là l’humiliation est à l’échelle du contrat lui même.
                                    Alain de Chalvron

 



17/09/2021
17 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 355 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion