1975- Les Elections régionales 39 posts

Grandes régions, mais petites conséquences

Où l’on voit que les élections régionales n’ont guère de conséquences
politiques. En tout cas depuis le début de ce siècle. Explications
Bruno Dive  Sud-Ouest

C'est à la suite des grandes lois de décentralisation, votées en1981 sous l’impulsion de Gaston Defferre, que les conseils régionaux ont été élus au suffrage universel. La première élection – il y avait alors 22 régions en métropole et quatre outre-mer – a eu lieu le 16 mars 1986, à la proportionnelle. Mais comme ce scrutin était couplé

avec les élections législatives qui devaient ramener la droite au pouvoir et provoquer la première cohabitation, il est passé au second plan. Le RPR et l’UDF ont emporté
20 des 22 régions, le PS ne conservant que le Limousin et le Nord-Pas-de-Calais.
Ces premières élections n’ont donc guère eu d’incidence politique, si ce n’est
celle de redonner à Valéry Giscard d’Estaing un titre de président, celui de la région
Auvergne. Mince consolation pour celui qui espérait revenir au pouvoir, d’abord en
s’installant à Matignon, mais qui dût laisser la place à son vieux rival, Jacques Chirac.


La peau d’Édith Cresson Six ans plus tard, en 1992, les élections régionales ont en
revanche entraîné un changement de Premier ministre. La gauche est à nouveau au
pouvoir avec la réélection de François Mitterrand en 1988, mais elle a de nouveau sombré dans l’impopularité, à cause des « affaires », des divisions au sein du PS, et
d’une Première ministre, Édith Cresson, qui n’a ni su s’imposer, ni se faire accepter
par ses pairs. Loin de reconquérir des régions, le PS en perd une nouvelle, le
Nord-Pas-de-Calais, qu’il doit céder à l’écologiste Marie- Christine Blandin, seule écologiste à ce jour à avoir dirigé une telle collectivité territoriale.
La première femme Première ministre doit, quant à elle, s’en aller ; elle est remplacée par Pierre Bérégovoy. Pour la gauche, ce désastre électoral en annonce un autre : la déroute aux élections législatives de 1993.
En 1998, la gauche est revenue au pouvoir sous la houlette de Lionel Jospin. Après
un an de cohabitation, son bilan électoral est en demi teinte : elle reconquiert certes une dizaine de régions, mais c’est moins qu’annoncé. C’est sur certaines régions conservées par la droite que les projecteurs se braquent : pour conserver leur mandat, cinq présidents sortants, tous issus de l’UDF, ont accepté les voix du Front national. C’est un séisme, et un scandale.
Pour une fois d’accord, Chirac depuis l’Élysée, Séguin et Sarkozy qui dirigent le RPR,
veillent au maintien du « cordon sanitaire ». Mais l’UDF éclate entre une aile droite,
emmenée par Alain Madelin, qui accepte ces alliances de circonstance, et les centristes qui sous la conduite de François Bayrou la refusent.
Une situation assez prémonitoire de celle qui guette LR aujourd’hui.
Une autre conséquence, plus importante encore, sera le changement de mode de
scrutin. Pour en finir avec la proportionnelle intégrale qui permettait au FN de
jouer les faiseurs de roi (faute, à l’époque, de pouvoir conquérir une région), un
scrutin à deux tours, inspiré de celui des municipales, sera instauré : une proportionnelle à deux tours avec prime majoritaire de 25 % pour la liste arrivée en tête.
Votes sanction
Mais en 2004, deux ans après la réélection de Jacques Chirac, le même gouvernement Raffarin est impopulaire et de nouveau le scrutin régional
sert de « vote sanction ». Cette fois, 20 régions sur 22 sont dirigées par la gauche,
seules l’Alsace et la Corse restent à droite. Battu dans les Pays-de-la-Loire, François
Fillon parle d’un « 21 avril à l’envers ». Cependant, Jean-Pierre Raffarin reste en place à la tête d’un gouvernement remanié. Lui aussi a perdu sa région Poitou-Charentes, au profit de Ségolène Royal qui débute son ascension vers la
candidature à la présidentielle de 2007.
Même scénario en 2010 :
cette fois, c’est Nicolas Sarkozy qui deux ans après son élection est victime du vote
sanction. La droite perd la Corse pour ne garder qu’une région. Mais François Fillon
reste à la tête d’un gouvernement remanié.
Le scrutin de décembre 2015 est le premier à se dérouler dans 13 grandes régions.
En dépit de l’impopularité de François Hollande, néanmoins enrayée par les attentats du 13 novembre, le PS résiste : gauche et droite dirigent chacune six régions
(et les autonomistes, la Corse). C’est néanmoins la montée du FN que l’on retient.
Premier ministre, Manuel Valls aurait voulu bousculer les clivages et tendre la
main à des personnalités de droite. Hollande refuse. Un autre saura le faire, un an et demi plus tard…

 

Bruno Dive SOD

 

 

 

Les ECHOS:

Régionales : les résultats des 10 têtes d'affiche

Quelque 19.000 candidats étaient en lice au premier tour des régionales, mais pour certains d'entre eux, l'enjeu de la bataille allait bien au-delà. Retour sur les résultats de nos 10 têtes d'affiche.

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Publié le 21 juin 2021 par LES ECHOS

Le premier tour des régionales ce dimanche a été déserté par deux électeurs sur trois. Cette abstention record a profité aux présidents de région sortants, de droite comme de gauche. Alors que ce lundi les tractations commencent, et s'étaleront jusqu'à mardi à 18 heures, pour négocier des alliances, fusions ou retraits de listes pour le second tour, retour sur les résultats de les 10 têtes d'affiche sélectionnées par « Les Echos ».

· Xavier Bertrand

Xavier Bertrand.

Xavier Bertrand.Sarah ALCALAY/SIPA

Le président sortant des Hauts-de-France, l'ex-LR Xavier Bertrand s'est assuré au premier tour une confortable avance pour boucler sa reconduction et légitimer ses ambitions présidentielles. En 2015, arrivé en deuxième place derrière Marine Le Pen au premier tour, il n'avait dû son élection qu'au désistement de la liste socialiste. Celui qui s'était présenté comme le seul à pouvoir faire barrage au RN, les yeux rivés sur l'Elysée, a, cette fois-ci largement distancé son rival Sébastien Chenu, en recueillant 41,39 % des voix contre 24,37 % pour le candidat de l'extrême droite. Quant à la liste de la majorité présidentielle, elle a été éliminée dès le premier tour.

 

· Carole Delga

Carole Delga.

Carole Delga.Alain ROBERT/SIPA

La présidente sortante PS de l'Occitanie, Carole Delga, part grande favorite pour le second tour, après être arrivée largement en tête avec près de 39,57 % des voix, soit quasi 17 points devant l'extrême droite, en net recul par rapport à 2015. Tous les sondages donnaient l'ancienne secrétaire d'Etat, qui dirige le Conseil régional depuis décembre 2015, comme la grande favorite du scrutin dans cette vaste région de 6 millions d'habitants considérée comme un bastion de la gauche, mais jamais avec un écart aussi favorable dès le premier tour où le RN était souvent donné en tête.

· Eric Dupond-Moretti

Eric Dupond-Moretti.

Eric Dupond-Moretti.Lemouton/POOL/SIPA

Moins d'un an après être entré au gouvernement, le ministre de la Justice, ancien avocat pénaliste, était candidat pour la première fois dans les Hauts-de-France, la région où il est né et où il était inscrit au barreau. Pour « chasser le Rassemblement national de cette terre », avait-il dit. Chef de file dans le Pas-de-Calais, Eric Dupond-Moretti avait été envoyé au front, avec trois autres membres du gouvernement, pour renforcer Laurent Pietraszewski, le secrétaire d'Etat chargé des Retraites et chef de file d'En marche.

Pari perdu, avec 9,13 % des suffrages, la liste LREM n'a pas réussi à se qualifier pour le second tour et Laurent Pietraszewski a appelé à voter Xavier Bertrand au second tour, pour faire barrage au FN.

 

· Marc Fesneau

Marc Fesneau.

Marc Fesneau.Romain Beaumont/SIPA

 

Il était l'un des espoirs de la majorité présidentielle, mais tout espoir de victoire au deuxième tour est enterré pour La République En marche et ses alliés en Centre-Val-de-Loire. Avec 16,65 % des suffrages, le ministre des Relations avec le Parlement, Marc Fesneau (Modem), qui fut longtemps présenté comme favori, s'offre certes l'un des meilleurs scores de la majorité, mais derrière le sortant François Bonneau (PS) et le LR Nicolas Forissier. Le ministre dispose pourtant d'un ancrage local solide : il a été six ans conseiller régional du Centre et neuf ans maire d'une petite commune du Loir-et-Cher, département dont il est devenu député en 2017.

Visiblement déçu, Marc Fesneau a assez vite ouvert dimanche soir la porte à un rapprochement avec la liste de Nicolas Forissier. Tout en restant très vague sur les modalités.

· Thierry Mariani

Thierry Mariani.

Thierry Mariani.Alain ROBERT/SIPA

En 2010, il menait la bataille en Provence-Alpes-Côte d'Azur sous la bannière de la droite contre Jean-Marie Le Pen. Mais avait échoué au second tour dans une triangulaire remportée par la gauche. Onze ans plus tard, le même Thierry Mariani rêve de donner une victoire historique… à l'extrême droite.

Mais si l'ancien ministre des Transports de Nicolas Sarkozy, passé au Rassemblement national en 2019 (ce qui lui a permis de devenir député européen), est arrivé en tête, c'est avec seulement 4,47 points d'avance. Il obtient à l'issue du premier tour 36,38 % des voix contre 31,91 % pour le président sortant, Renaud Muselier. Alors qu'en 2015, Marion Maréchal, la petite-fille de Jean-Marie Le Pen, devançait Christian Estrosi de plus de 14 points. Les rêves de victoire de la formation de Marine Le Pen s'assombrissent dans une région qu'elle voulait voir transformer en vitrine à moins d'un an de la présidentielle.

 

· Matthieu Orphelin

Matthieu Orphelin.

Matthieu Orphelin.Sebastien SALOM-GOMIS/SIPA

De toutes les têtes de listes écologistes, il est l'une des plus connues, avec le patron d'Europe Ecologie-Les Verts, Julien Bayou (candidat en Ile-de-France). Et celui qui a réalisé le meilleur score et espère toujours décrocher une région, celle des Pays de la Loire. Matthieu Orphelin, député du Maine-et-Loire (ex-LREM) depuis 2017 et vice-président de la région de 2010 à 2015, a obtenu 18,70 % des suffrages au premier tour, loin derrière la présidente sortante LR Christelle Morançais (34,29 %). Il a officialisé dès dimanche soir son alliance avec le socialiste Guillaume Garot (16,31 %).

En 2015, la région Pays de la Loire avait basculé à droite après deux mandats du socialiste Jacques Auxiette.

 

· Valérie Pécresse

Valérie Pécresse.

Valérie Pécresse.Vincent Loison/SIPA

La présidente sortante (Libres !, ex-LR) Valérie Pécresse arrive largement en tête au premier tour en Ile-de-France. Avec 35,94 % des voix, elle gagne 5 points par rapport à 2015, quand elle avait ravi la région à la gauche. Même si cette avance ne lui donne pas de marge par rapport au total (34,26 %) des trois candidats de gauche (Julien Bayou, Clémentine Autain, Audrey Pulvar), qui devrait s'allier au second tour, elle avancera seule au second tour : « même liste, même projet », a assuré celle qui a exclu pendant sa campagne toute alliance avec LREM.

 

· François de Rugy

« Grosse déception » pour l'ancien ministre de la Transition écologique qui rêve de mettre un terme à sa traversée du désert. François de Rugy, qui porte les couleurs de la majorité présidentielle dans les Pays de la Loire, est arrivé en cinquième position avec 11,97 % des voix. Il a annoncé qu'il se maintenait pour le second tour car il souhaite incarner « une force d'équilibre qui permette de tempérer les excès de la future majorité » au conseil régional.

Francois de Rugy.

Francois de Rugy.GILE Michel/SIPA

 

· Najat Vallaud-Belkacem

Najat Vallaud-Belkacem.

Najat Vallaud-Belkacem.Bony/SIPA

L'ancienne ministre de l'Education est revenue sur le devant de la scène politique en se lançant dans la bataille contre Laurent Wauquiez en Auvergne-Rhône-Alpes. Cette figure du PS a échoué à être en tête à gauche au premier tour : elle obtient 11,40 % des voix et s'est rangée derrière l'écologiste Fabienne Grébert, qui avec 14,4 % est arrivée deuxième, derrière Laurent Wauquiez, le président LR sortant (43,8 %). « La social-écologie, si on veut l'appeler comme ça, n'a pas dit son dernier mot », a assuré Najat Vallaud-Belkacem, malgré l'ampleur du retard dans les urnes.

 

· Laurent Wauquiez

Laurent Wauquiez.

Laurent Wauquiez.BONY/SIPA

Laurent Wauquiez, qui abordait le premier tour en Auvergne-Rhône-Alpes en position de force, a réussi son parti : avec 43,8 % des suffrages, il a écrasé la concurrence au premier tour. Il distance ainsi de près de 30 points la candidate EELV Fabienne Grébert (14,4 %), qui devance le RN Andrea Kotarac (12,3 %) et semble assurer de conserver la présidence de la région.

 

 

 

 

 

 



20/06/2021
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