Comme l’ont toujours fait ses prédécesseurs, le Président parlera en dernier. Il présentera sa candidature aux premiers mois de l’an prochain. Pas avant. Ça ne l’empêche d’ailleurs pas d’entrer en campagne comme il vient de le faire tranquillement dans le Lot, puisque, désormais, à moins d’un an de l’élection présidentielle, chaque apparition à la télé, chaque "pèlerinage" dans la France des provinces, et, pour tout dire, chacune de ses déclarations s’apparentent, dans la forme et dans le fond, à un exercice de propagande électorale. Pourquoi s’en priver, alors que ses principaux adversaires plus ou moins déclarés, les Bertrand, Le Pen ou Mélenchon, ne se gênent pas d’entrer dans la danse ?

Bien sûr, dès la fin juin, le résultat des élections régionales constituera un rapport d’étape, une sorte de fiche grandeur nature sur l’état politique du pays après plus d’une année en sourdine pour cause d’épidémie. Sans doute Emmanuel Macron n’en tirera pas de conclusions hâtives, car il sait que, sur le terrain, ses troupes mal implantées ont peu de chance de crier victoire. Mais, passé le scrutin, il aura en quelque sorte le champ libre pour entrer comme il l’entend dans la bataille décisive.

Encore lui faudra-t-il compter sur quelques solides piliers pour affronter sans coups de mou cette longue épreuve qui met en scène l’homme face au peuple, et révèle pourrait-on dire la "force d’une solitude". L’un de ces piliers indispensables, c’est forcément le Premier ministre qui mène l’action du gouvernement et dont chaque décision, chaque parole, sont, aux yeux du public, l’expression de la volonté présidentielle. Dès lors, Jean Castex, premier collaborateur du Président et chef de la majorité, est-il de taille pour tenir ce rôle à la fois secondaire et essentiel ? Personne n’accusera l’homme d’une ambition démesurée. Il a pris toute la place en restant à la sienne, avec une louable application, sachant plaire à ceux qui l’approchent, mais les Français ne connaissent vraiment de lui que cet accent de bon docteur avec lequel il administre les conseils et les consignes pour confiner, déconfiner, masquer ou vacciner le pays. Au point qu’il demeure encore le Premier ministre du Covid et peine à revêtir une apparence clairement politique. L’imagine-t-on en campagne présidentielle pour mobiliser les siens et convaincre le peuple ?

À Macron d’en décider. Choisir un nouveau Premier ministre parmi les ambitieux qui l’entourent et savent la portée du discours politique. Ou plutôt conserver le gestionnaire de la vieille école qui mènera comme il se doit les affaires courantes.