1965- Israël ou Palestine 23 posts

 

 
Nous voilà donc de nouveau sommés de choisir notre camp : Israël ou Palestine voire même, pire encore, juifs ou arabes.
Il nous faudrait donc choisir entre d’un côté "les pauvres palestiniens opprimés par un Etat sioniste pratiquant l’apartheid" et de l’autre "un état juif, seul pays démocratique de la région assailli par les terroristes islamistes du Hamas". Nulle nuance possible désormais. Choisis ton camp, camarade. Et en fonction de ce choix, attends-toi à perdre 50% de tes amis ou, en optant pour un choix raisonnable, d'en perdre … 100%.
Il est de moins en moins possible dans le débat public et sur ce sujet d’être dans la mesure et de rejeter les extrémistes des deux camps. Est-il possible de dénoncer le cynisme du Hamas qui ne pense qu’à ses petits intérêts de boutique et qui se fiche comme d’une guigne de la création d’un Etat palestinien tout en dénonçant en même temps les colons juifs qui jouent la provocation à Cheikh Jarrah ? Est-il possible de dénoncer le lynchage d’un arabe par une foule juive haineuse à Bat Yam autant qu’il est possible d’être révolté par le tabassage d’un juif par des arabes à Acre ?
Je voyais voici quelques jours sur FB, le commentaire d’une amie qui résumait le conflit de Cheikh Jarrah en expliquant qu’il était dû à 4 familles palestiniennes qui n’avaient pas payé leur loyer… Quelle honteuse caricature. Et je voyais ce matin sur le portail d’une autre amie, toute aussi chère, la phrase suivante : « pas besoin d’être musulman pour soutenir la Palestine : il suffit juste d’être humain ». Comme s’il était « humain » de soutenir mille tirs de roquettes lancés sur Israël et de se plaindre ensuite qu’une riposte soit envisagée…
Il nous faudrait donc être dans le camp des palestiniens.Soit.Mais quels palestiniens? 
Ceux modérés qui veulent deux Etats ou ceux qui prônent la destruction d’Israël ? Ceux regroupés autour de Mahmoud Abbas, de Marwan Barghouti et du Fatah ou ceux qui dirigent le Hamas,les seconds vouant une haine inextinguible aux premiers? 
Ou alors il faudrait être dans le camp des israéliens. Mais lesquels ? Ceux racistes, fanatiques religieux, colons provocateurs et d’extrême droite qui n’ont aucune envie de paix ? Ou ceux qui se battent pour une paix négociée, pour une cohabitation apaisée entre juifs et arabes au sein même de l’Etat d’Israël ?
 
Et maintenant on nous somme en plus d’importer en France ce conflit dans les mêmes termes caricaturaux. Avec d’un côté des musulmans français qui brandissent, aux côtés des organisations d’extrême gauche, les drapeaux de la Palestine comme le symbole d’un islam martyrisé ? Et de l’autre des juifs français qui brandiraient à l’invitation du CRIF le drapeau israélien comme symbole d’un peuple assiégé face aux hordes islamisées sans dire un mot des résolutions de l'ONU depuis 50 ans ?
Ce faisant on ignore évidemment les subtilités d’un conflit où le monde arabe est profondément divisé entre clans palestiniens ou entre des Etats arabes qui pour certains soutiennent du bout des lèvres la cause palestinienne et qui pour d’autres s’en fichent carrément. Il faudrait donc que Garges-les-Gonesse soit plus solidaire avec le Hamas que les Etats arabes eux-mêmes comme le Maroc, le Soudan ou Dubaï qui commencent à ne plus trop goûter l’impasse dans laquelle le Hamas enferme la cause palestinienne ? La réalité c’est que beaucoup de ceux qui veulent manifester ce week-end pour la Palestine manifestent en réalité en solidarité au Hamas. Et, si c’est de solidarité musulmane dont il s’agit, on peut regretter alors l’absence de manifestations à Barbès pour soutenir les Ouïghours ou les Rohinghas.
Quant aux juifs français qui soutiennent inconditionnellement Israël, que soutiennent-ils vraiment ? L’existence même de l’Etat d’Israël ? Là-dessus, il existe fort heureusement un consensus sur la nécessité de préserver l’Etat d’Israël dans des « frontières sûres et reconnues ». Ou la politique menée par un gouvernement de droite et d’extrême droite qui attise les tensions depuis des années ? Quand on est un ami d’Israël, qu’on croit mordicus en son intangibilité, doit-on en même temps soutenir Netanyahu voire Itamar Ben-Gvir, ce député d’extrême-droite anti-arabe et anti-LGBT dont le slogan est « les Arabes dehors » ?
 
Toutes les parties prenantes nous poussent pourtant, ici en France, à des milliers de kilomètres du conflit, à prendre parti pour un camp contre l’autre.
Sauf qu’on nous somme de prendre parti pour Israël ou pour la Palestine, soit, pire encore, pour les juifs ou pour les arabes.
Il devient impossible d’imposer dans le débat public que la bonne et seule ligne de fracture raisonnable opposerait les partisans de la raison et de la paix d’un côté contre les partisans de la haine et du fondamentalisme politique et religieux de l’autre.
Voilà pourquoi ce débat est définitivement désespérant.
A la fin, j’ai beau placer pour ma part, dans ce conflit, la sécurité d’Israël au-dessus de tout et considérer qu’au final le Hamas demeure l’agresseur, difficile de dire tout cela sans ressentir en même temps une grande amertume face à l’injustice que subissent les arabes israéliens en Israël et le peuple palestinien dans les territoires occupés.
 
Luc Broussy   (partage FB)


14/05/2021
23 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 355 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion