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Politique 

Secrétaire d'Etat à la Ruralité dans le gouvernement Castex, Joël Giraud est originaire de l'Allier : « Je suis très attaché à Moulins »

  • Publié le 19/02/2021 La Montagne
Secrétaire d'Etat à la Ruralité dans le gouvernement Castex, Joël Giraud est originaire de l'Allier : « Je suis très attaché à Moulins »
Le secrétaire d'Etat à la Ruralité est originaire de Moulins © Jérémie FULLERINGER

 

À Ydes (Cantal), le secrétaire d'État à la Ruralité Joël Giraud évoque l'entretien du réseau cuivre : « On va sonner les cloches d'Orange ! »

 

Mais bien que solidement ancré dans le sud-est de la France, Joël Giraud est également profondément et viscéralement enraciné dans le Bourbonnais. Entre deux déplacements ministériels, c’est d’ailleurs dans une maison campée dans un paisible quartier de Moulins que le secrétaire d’Etat à la Ruralité pose régulièrement son barda. 

« Qu’est-ce que m’évoque Moulins ?  Des souvenirs puissants,  la famille,  mon enfance,  le bonheur… »

Cette bâtisse datée du début du XXe siècle est celle où habitaient les parents de sa mère. Son grand-père et sa grand-mère maternels, du nom de Sénotier. Tous les deux étaient originaires de la région de Moulins, lui était natif de Coulandon, elle de Chevagnes.

 

Moulins et la maison de mes grands-parents, j’y suis vraiment très attaché, confie Joël Giraud. Cette maison, je n’ai d’ailleurs jamais voulu la vendre. Récemment, pour la retaper, j’ai même entrepris des travaux du sol au plafond. Qu’est-ce que m’évoquent Moulins et cette baraque? Des souvenirs puissants, la famille, mon enfance, le bonheur… 

 

Joël Giraud dans sa maison familiale de Moulins 


Très proche de ses grands-parents Sénotier qui ont largement contribué à son éducation, Joël Giraud a, dans sa jeunesse, passé beaucoup de temps à Moulins. De ces  jours heureux de jadis, une forte personnalité fait surimpression dans sa mémoire : la figure tutélaire de son grand-père Sénotier, ex-poilu grièvement blessé sur le front champenois durant la Première Guerre mondiale. De retour à Moulins, avec une jambe en moins et une Légion d’honneur en plus, il deviendra intendant militaire au quartier Villars, l’actuel Centre national du costume de scène (CNCS) : 

« C’était un homme d’une humanité exceptionnelle et d’une incroyable force de caractère, raconte Joël Giraud. Physiquement détruit, psychologiquement traumatisé, il avait été infiniment meurtri par les horreurs de la guerre. Mais il n’en avait gardé aucune rancœur. Même pas de rancune envers les Allemands. Je l’adorais, c’était un être d’une bonté rayonnante. Il m’a transmis un certain nombre de valeurs qui lui tenaient à cœur. Je lui dois une partie de ce que je suis ».


C’est également ce grand-père vénéré qui a contribué à l’éducation politique de Joël Giraud :

On discutait beaucoup. Entre lui et moi, c’était très ouvert, très riche, très spontané. Lui, il était proche du PCF sans y être encarté. Mais il a définitivement rompu avec le communisme quand les chars soviétiques sont entrés dans Prague en 1968. Quant à moi, j’ai toujours été en phase avec une conception économique plus libérale que celle de mon grand-père. 

Joël Giraud se décrit comme un radical de gauche pur sucre. Mais cet ancien de l’ENA est aussi un élu pragmatique de terrain qui a toujours su discuter avec tous, de tous les bords politiques. Dans les Hautes-Alpes, territoire au relief escarpé, on lui reconnaît volontiers une certaine hauteur de vue et une grande capacité d’analyse au cordeau. Une rigueur que l’on pourrait mettre sur le compte de son éducation protestante. Mais qui relève sans doute davantage de ses prédispositions intellectuelles, lui qui deviendra haut fonctionnaire et accomplira notamment des missions complexes en liaison avec Tracfin, le gendarme des marchés financiers. Joël Giraud est un homme de (gros) dossiers.

Ce bosseur acharné ne rechigne pas à les multiplier. Pour la seconde année consécutive en 2019, alors qu’il officiait comme député LREM (1) de la seconde circonscription des Hautes-Alpes et comme rapporteur général du Budget à l’Assemblée nationale, le site nosdéputé.fr l’a classé premier parlementaire le plus travailleur du palais Bourbon. Son bilan 1.180 interventions en commission et 872 en hémicycle, ainsi que 1.190 amendements adoptés et 15 rapports écrits. 

 

 

Ce labeur lui a valu une reconnaissance certaine... Et un éloge de la part d’Edouard Philippe, alors Premier ministre. Il n’empêche, Joël Giraud dit se sentir plus proche de l’actuel locataire de Matignon, Jean Castex, avec lequel il partage le même ADN rural. A chacun ses montagnes. A Castex, ses Pyrénées-Orientales. A Giraud, ses Hautes-Alpes. Au plus haut sommet de l’Etat, le président  de la République remporte également haut la main le suffrage de Joël Giraud. En 2017, il a fait partie des soutiens de la première heure d’Emmanuel Macron, saluant très tôt l’ascension vers l’Elysée de l’ancien ministre de l’Économie de François Hollande.

Quand il était ministre, je trouvais déjà que Macron avait quelque chose que beaucoup d’autres n’avaient pas : il écoutait les gens et il était lui-même, assure Joël Giraud. Sans faux-semblant. C’est une vertu rare, surtout à un haut niveau de responsabilités politiques. Et il a conservé  ses qualités dans sa fonction de chef de l’Etat. Entre le président et moi, je pense que le courant passe bien.  Quand il a fallu quelqu’un d’expérience pour le poste de rapporteur général du Budget, Emmanuel Macron m’a fait confiance

« Avec le président de la République, le courant passe bien »

Confiance maintenue. Et même accrue. En juillet 2020, Joël Giraud a encore pris du galon en intégrant le gouvernement Castex comme secrétaire d’Etat chargé de la Ruralité. Lui qui, durant toute sa carrière politique, a défendu les territoires de montagnes, se dit dans son élément sur les problématiques et enjeux, non pas de la ruralité, mais des ruralités, qu’il ne voit pas comme un bloc fait d' une seule pièce. 

Mais aussi « heureux et impliqué » soit-il dans sa fonction ministérielle, Joël Giraud considère davantage cette carrière politique derrière lui que devant lui. Sans filtre aucun, il confie son point de vue  :

« A partir d’un certain âge, je considère que s’acharner à faire de la politique est un naufrage. Je ne veux pas tomber dans ce piège. Dans deux ans, j’aurai 64 ans. Pour moi, ce sera l’âge de la retraite. Je continuerai sans doute à accepter des missions, si on me le propose. Mais c’est sûr et certain, je ne me représenterai pas à une élection ». 

Ni dans les Hautes-Alpes. Ni dans l’Allier. Ni à Moulins,  ville du CNCS où, affirme-t-il, il n’a pas l’ambition d’endosser un nouveau costume politique. 


(*) Lors des législatives 2017,  Joël Giraud a été réélu avec la double étiquette PRG et LREM.  Il a siégé ensuite jusqu’en juillet 2020 au sein du groupe LREM à l’Assemblée nationale, avant d’être nommé secrétaire d’Etat à la Ruralité.   

Antoine Delacou 

Photos François-Xavier Gutton et Jérémie Fulleringer 



21/02/2021
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