1806- Toulouse s'écrira toujours avec deux aîles 8 posts

Toulouse s’écrira toujours avec deux ailes
Par Jean-Christophe Giesbert et Jean-Michel Mandin

C'était à craindre : la crise économique provoquée par la pandémie du covid 19 a ouvert la boîte de pandore des fantasmes nourris par les utopies du « monde d’après ». Dernier avatar de cette palinodie qui hystérise la médiasphère en quête de sujets disruptifs : une tribune rédigée par des représentants de la Fondation Copernic, Attac Toulouse, les Amis du Monde Diplomatique et l’Université Populaire de Toulouse, des organisations connues pour leur positions altermondialistes et anticapitalistes. Les signataires nous expliquent, le plus sérieusement du monde, que l’industrie aéronautique a son avenir derrière elle. A les en croire, Toulouse, capitale européenne de ce secteur, doit se préparer à connaître le sort funeste de la Lorraine avec l’effondrement de la sidérurgie. Ou pire celui de Détroit, capitale historique de l’industrie automobile américaine. La belle affaire !

Les activités militantes des auteurs de ce texte repris – sans recul critique – par plusieurs médias en dit long sur leur expertise en matière industrielle. Le quatuor de signataires est constitué d’un observateur des pratiques policières, très actif aux côtés des gilets jaunes, le président d’un centre social et culturel autogéré, le porte-parole d’un comité citoyen de défense des cheminots et un inlassable pourfendeur du libre-échange. On fera l’économie de détailler, ici, le gloubi-boulga argumentaire développé par ces oracles en peau de lapin. En quelques mots, ils nous assurent que le transport aérien sera durablement boudé par les usagers, qu’Airbus et Boeing peuvent commencer à numéroter leur abattis et, avec eux, toutes les entreprises de la filière. En doctes « experts », ils recommandent aux industriels de se reconvertir dans la santé et l’agro-alimentaire, on croit rêver !

La filière aero saura rebondir

Dans leur grande magnanimité, les auteurs de la tribune, consentent à accorder un semblant d’avenir à cette industrie mais en corsetant les avionneurs dans un contrôle étatique, à l’image, sans doute, de celui qui caractérisait l’Union Soviétique, avec le succès que l’on sait. Ils préconisent que la filière se voit imposer des normes sociales et environnementales toujours plus draconiennes.
Pour qui connaît l’industrie aéronautique, les incantations de ces prédicateurs relèvent de l’ineptie absolue. Certes, les conséquences de la crise du covid 19 impacteront lourdement toute la filière. Les compagnies aériennes sont confrontées à une crise sans précédent. Les carnets de commandes d’avions fondent comme neige au soleil et des milliers d’emplois feront les frais de cette crise sans précédent.

Mais, plutôt que de jeter le bébé avec l’eau du bain comme le font les auteurs de la tribune, il faut savoir prendre le recul nécessaire pour examiner, sans a priori idéologiques, la situation à laquelle cette industrie de pointe est confrontée. De même qu’il faut, dès à présent, évaluer avec rigueur et mesure, ses capacités à se relever à moyen terme. L’insolente santé d’Airbus, ces deux dernières décennies, l’a peut-être fait oublier, mais l’aéronautique a toujours été soumise à des cycles. « Tous les six à sept ans, on passe à la casserole. On encaisse le coup. Et puis, on se relève », disait un ancien patron de l’Aérospatiale devenue Airbus, connu pour son franc-parler. Cette crise est sans précédent, répétons-le, mais la filière a les ressources pour y faire face pour peu que le gouvernement et les collectivités territoriales – autrement dit nous tous, les Français – s’emploient à l’accompagner dans cette période difficile.

Passé ce trou d’air de deux à trois ans, l’activité repartira progressivement avant de retrouver un cycle de croissance comparable à celui que nous connaissions avant la pandémie, analysent en substance les industriels et les (vrais) experts de ce secteur. Que nos hurluberlus nous pardonnent cette audace mais ce sont les patrons qui restent les mieux placés pour jauger et anticiper le potentiel de leurs activités dans le long terme. C’est parce qu’ils se sont pliés à cet exercice que des dirigeants d’entreprises ont fait de leur petite PME de l’aero des groupes industriels d’excellence qui collaborent avec les plus grands avionneurs, partout dans le monde.

Un avion toujours plus propre

Sauf à imaginer un retour à une économie de subsistance, refermée sur ses frontières domestiques, comme certains khmers verts en rêvent, l’avion demeurera le moyen de transport le plus sûr et le plus efficace pour rallier des destinations éloignées depuis n’importe quel aéroport. Il est également peu polluant. Responsable aujourd’hui de 2 à 3 % des rejets de gaz à effets de serre, il ne cesse d’accroître ses performances environnementales grâce à des moteurs moins gourmands en carburant et l’allègement des aérostructures. Les (vrais) experts en conviennent : L’avion continuera à progresser dans ce registre grâce à une utilisation significative de carburants verts et le recours, à terme, à une motorisation hybridée.

Non, l’aéronautique n’est ni mourante, ni morte ! Elle a un genou à terre et est sonnée. Mais elle se relèvera comme elle l’a toujours fait. Les deux milliards d’humains supplémentaires attendus d’ici 2050 et ceux qui, sur les cinq continents, l’utilisaient jusqu’à la survenue de la pandémie pour leurs activités professionnelles ou personnelles, retrouveront la voie des airs.

Plutôt que de prononcer son oraison funèbre, c’est d’un soutien sans faille dont cette filière de pointe à besoin pour être en mesure de rebondir une fois la longue et forte tempête passée. En Chine, les mots « crise » et « opportunité » s’écrivent avec le même idéogramme. Gageons que les patrons, les ingénieurs et les ouvriers sauront réenchanter l’avenir de l’avion. Les premiers en définissant une stratégie audacieuse et pragmatique, les seconds en imaginant des innovations pertinentes et les troisièmes en construisant des appareils toujours plus sûrs, toujours plus performants et toujours plus respectueux de l’environnement. À l’image des évolutions spectaculaires qu’a connu la famille Airbus depuis sa naissance dans les années soixante-dix, la filière saura rebondir en capitalisant sur son excellence.

Plusieurs politiques l’ont bien compris, à l’image de Bruno Le Maire, le ministre de l’Economie qui déploie un dispositif ambitieux de soutien aux entreprises du secteur. Et, sur notre territoire, plutôt que de pérorer sur le sujet, des élus ont retroussé leurs manches pour accompagner les entreprises et sauver le plus grand nombre d’emplois. C’est le cas de Jean-Luc Moudenc, maire de Toulouse et président de la métropole et de Carole Delga, présidente de la région Occitanie. Comme eux nous en sommes convaincus : n’en déplaise aux cassandres, l’industrie aéronautique européenne et son cœur battant toulousain renouera avec la croissance. Toulouse s’écrira toujours avec deux ailes.



12/05/2020
8 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 355 autres membres

blog search directory
Recommander ce blog | Contact | Signaler un contenu | Confidentialité | RSS | Créez votre blog | Espace de gestion