1805- lundi 11 mai 2020 et les jours qui suivent le déconfinement 69 posts
Terrible défi
Pour la France et les Français commence aujourd’hui une épreuve redoutable, celle de leur "libération". Ou plutôt d’une libération conditionnelle.
Car, si le virus guette toujours, nous savons que le plus dur de la crise économique et sociale est à venir. Malgré toutes les promesses de "jours heureux", malgré les illusions d’un "monde d’après", il faudra bien payer son tribut à une épidémie qui vient de verrouiller à double tour notre pays et tout un monde qu’on croyait à l’abri du malheur.
Nous pourrions nous satisfaire d’une lecture optimiste – après tout, ce virus a fait jusqu’ici moins de morts que tant d’autres maladies par le passé, après tout, nous avons paré au plus pressé avec une discipline dont nous ne nous pensions pas capables, et, demain, nos labos trouveront bien le vaccin qui soulagera nos corps et surtout notre moral.
Mais, en attendant d’être concrètement délivré du mal, le "coût" réel, humain, collectif, se calculera dans les têtes : comment une société en coma artificiel durant deux mois, le muscle et l’esprit engourdis, se réveille et se relève, comment nous serons capables de retrousser nos énergies, de revivre non pas dans un illusoire "après" aux saveurs utopiques, mais revivre d’abord comme nous vivions "avant" – avec ce qu’il faut bien sûr d’améliorations indispensables, de reconnaissances et de revalorisations – et nous pensons forcément en premier lieu à l’immense chantier de la santé publique trop longtemps abandonné au soin des comptables.
C’est alors que les mots prononcés par nos gouvernants, sans doute avec sincérité sinon avec habileté, doivent trouver tout leur sens. Sauront-ils se hisser à la hauteur du déconfinement ? Rarement nos ministres économes n’avaient lâché avec une telle dextérité autant de milliards – si bien que le bon peuple, sachant ce qu’est un sou, s’angoisse déjà en se demandant qui paiera. Et la peur de la facture, économique, sociale, fiscale, nous ramène brusquement au réel.
Puisqu’il est urgent de remettre en route la "machine" pour ne pas aggraver le chômage, la précarité et la récession, il nous faudra – tous ensemble ! – conjurer cette peur. Plus que des règlements de comptes – auxquels nous appellent certains –, les Français, infantilisés durant trop de jours, devront réapprendre à devenir un peuple adulte, solidaire et confiant. Terrible défi.